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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 20:20

On l'a vu, il y a actuellement des différences notoires entre flamands et wallons, ou plutôt devrais-je dire entre néerlandophones et francophones. Malheureusement, ces différences sont reprises et amplifiées de part et d'autres (quoi que nettement plus coté flamands) par des nationalistes rêvant de régions plus ou moins indépendantes et ce parfois au mépris de toute réalité historique. Le nationalisme flamand en particulier est très fort, et résulte notamment de ressentiments assez anciens d'une part de la population nordique. Bien que bâti en partie sur une série de mythes, pour ne pas dire de mensonges éhontés, il faut bien reconnaître qu'il n'y a pas de fumée sans feu...

 

Une grosse différence vient de la langue, on l'a vu. Ceci dit, le fait de parler deux langues différentes n'explique pas tout à lui seul, et certainement pas le déferlement de haine provenant de certains groupes d'extrémistes. Pour comprendre les ressentiments évoqués plus haut, il faut savoir que jusqu'au début du siècle dernier, la seule langue officielle en Belgique était le français, et ce bien qu'une part importante de la population parlait flamand. A cela deux raisons principales: d'une part, le néerlandais était la langue officielle des Pays-Bas, ces mêmes Pays-Bas contre lesquels nous nous sommes battus pour acquérir notre indépendance. Sous leur domination, les francophones étaient systématiquement dénigrés et persécuté. La réaction logique a été qu'une fois l'indépendance acquise, le néerlandais, langue de nos anciens oppresseurs, était très mal vu. D'autre part, la bourgeoisie, qu'elle soit wallonne ou flamande, parlait le français, car c'était à l'époque une langue bien plus internationale (comme l'est l'anglais aujourd'hui) et pour se distinguer du bas peuple de paysans flamands ou wallons qui parlaient leurs patois (à noter que le « néerlandais » parlé aujourd'hui en Flandre diffère fortement de celui parlé aux Pays-Bas; c'est un peu comme comparer l'anglais et l'américain. En pratique il s'agit d'un patois dérivé du néerlandais, lui-même patois germanique à l'origine!). Pour les flamands, le français est resté associé à une langue d'oppresseurs, vu qu'il s'agissait de la langue des riches, qu'ils soient marchands, nobles ou industriels. Et là se situe l'un des premiers gros mythes flamands: celui d'un impérialisme francophone d'origine wallonne: beaucoup oublient en effet que les « oppresseurs » dont il est question étaient autant flamands que wallons. Ces mêmes gens ont tendance à associer francophones et wallons, ce qui n'étaient absolument pas le cas à l'époque: la séparation des langues française et flamande correspondant bien plus à une séparation des classes sociales qu'à une séparation des régions. D'ailleurs, en Wallonie aussi, le peuple ne parlait pas français, mais wallon (lequel est un mélange issus des langues celtiques, germaniques et latines...).

 

L'injustice était grande jusqu'à il y a 100 ans. En effet, et pour prendre un seul exemple, lorsqu'un paysan flamand comparaissait devant un tribunal, il ne comprenait rien à ce qu'on lui voulait; puisse que les jugements étaient rendus en français, langue parfaitement inconnue du bas peuple flamand à l'époque. Forcément, de telles injustices étaient vécues cruellement, et ont entraîné par la suite pas mal de tension, ce qui se comprend. L'ennuie, c'est qu'aujourd'hui des nationalistes flamands rappelle au souvenir de leurs compatriotes ces souvenirs cuisants, en y associant les Wallons. Il ont d'autant plus facile à le faire que pendant longtemps la plupart des riches de Belgique étaient de riches industriels wallons (lesquels possédaient alors les aciéries et les mines). Le principal problème vient de ces relents revanchards de certains. Sans cela, nos autres différences seraient bien plus acceptables.

 

Un autre mythe lié à la langue est également régulièrement entretenu par ces mêmes personnes: celui qu'à cause de la langue, les soldats flamands durant la première guerre mondiale ne comprenaient par leurs officiers s'exprimant en français, ce qui aurait causé chez eux des pertes plus importantes que chez leurs homologues francophones. Ceci est faux. Les flamands ont certes perdu plus d'hommes, mais ils étaient aussi plus nombreux à la base. En fait, proportionnellement au nombre de soldats engagés, les pertes sont équivalentes chez les néerlandophones et les francophones. Mais allez donc faire entendre raison à des extrémistes!

 

Je compte par la suite tenter d'expliquer les divergences d'opinions politiques entre nord et sud, qui sont liées aux parcours respectifs de ces régions, notamment dans le domaine économique.

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