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8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 21:05

 

Alors que le pays sombre dans la crise, son principal instigateur, monsieur De Wever, le chef de file des nationalistes flamands, parade sur le plateau de la VRT (première chaine publique flamande) dans le cadre d'un jeu populaire, nommé « De Allerslimste mens ter wereld », traduisez « l'homme le plus intelligent du monde ».

 

Pour ça, il a bien le temps, lui qui est le premier à rappeler qu'en 2007 madame Milquet, engagée comme lui dans les négociations pré-gouvernementales, avaient dû mettre fin à une réunion sous prétexte de se rendre au chevet de sa fille, malade. Un prétexte somme toute moins important que celui qui consiste à se pavaner sur une chaine de télévision.

 

Par delà le surréalisme de la situation, habituel en Belgique et également chez monsieur De Wever, soulignons le coté populiste du gaillard. En passant à la télévision, il se montre « proche » de ce que pourrait être le citoyen ordinaire, ce qui le rendrait presque sympathique. Et si en plus il y brille sur des questions de culture générale, alors il fait d'une pierre deux coups: non seulement il se montre, mais en plus il paraît intelligent.

 

Car intelligent, il l'est, et il l'a prouvé bien autrement qu'en s'étalant ainsi à la télévision. Par exemple, en appliquant une stratégie de blocage, pour « prouver » que la Belgique est devenue ingouvernable, et doit par là même cesser d'exister, chaque région devant selon lui s'assumer indépendamment des autres. Et ça marche, du moins ça marchait jusqu'à récemment, la N-VA devenant de plus en plus incontournable à chaque nouveau sondage. Cependant, je me demande si cette fois il n'est pas allé trop loin, vu les réactions épidermiques de la presse flamande au récent rejet par De Wever de la proposition de compromis de monsieur Vande Lanotte. Je suis curieux de voir les prochains sondages d'opinion à paraître dans les prochains jours... car parallèlement à ça, 42% des Flamands sont aujourd'hui convaincus que monsieur De Wever ne manifeste aucune bonne volonté dans les négociations actuelles. Si l'on ajoute à cela les indécis, ça peut faire beaucoup...

 

Mais pour en revenir à l'exposition de monsieur De Wever alors que le pays est en pleine crise (même si l'émission a été enregistrée il y a quelques jours, ça ne change rien sur le fond), il est à noter qu'elle ne passe pas inaperçue. Ainsi, comme relayé sur le site de la RTBF, le Washington Post (excusez-du peu!) s'en est rendu compte presque avec indignation, et ce alors que divers organismes financiers notamment américains soulignent depuis quelques temps qu'il est l'heure pour la Belgique de conclure sa crise politique, sous peine voir son indice de confiance diminuer, ce qui en ferait une cible facile pour les spéculateurs.

 

Le Washington Post donc n'est pas tendre avec l'ami Bart décrit comme étant « nonchalant » et « féru de citations latines ». A noter que ces citations sont en général choquantes, et servent encore une fois à le faire passer pour cultivé. Lui qui a une conception de l'histoire bien particulière pour un historien de formation... A noter que monsieur De Wever justifie sa participation à cette émission par un savoureux « je n'avais rien de mieux à faire... » repris encore une fois pas le Post indigné par une telle attitude. Mais ça, on s'en doutait déjà, vu qu'il n'a jusqu'à présent rien proposé d'autre que l'application stricte de son programme de campagne dans les négociations actuelles, lesquelles durent, rappelons-le, depuis 209 jours.

 

Voilà donc le bulldozer flamand chargé soit-disant de réformer le pays. Avec une conception bien à lui de ce qu'est une réforme de l'état, une négociation post-électorale ou un compromis gouvernemental. Un bulldozer manipulateur, provocateur, et populiste, qui aujourd'hui met véritablement en péril l'ensemble d'une nation dont il s'acharne à nier la réalité.

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