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29 janvier 2010 5 29 /01 /janvier /2010 15:47

Depuis quelque temps maintenant s'est répandu sur la toile cet intéressant site qu'est Wikipédia. Inutile de la présenter, tout le monde la connaît. Du moins il paraît. Car si l'on interroge une personne prise au hasard sur ce qu'elle sait de ce site, il y a fort à parier qu'elle nous répondra quelque chose comme « ha oui, la fameuse encyclopédie !» suivi d'un concert d'éloges. A vrai dire, ces réactions sont tout aussi surprenantes que le succès de ce site, mais l'un ne va sans doute pas sans l'autre, et ceci explique sans doute partiellement cela. Mon intérêt vis-à-vis de ce site est particulier, mais il est plus à rapprocher de la curiosité envers un phénomène de mode que d'une réelle admiration.

 

J'ai contribué à Wikipédia. Très tôt passionné par l'histoire (vers mes 11-12 ans) bien que trop jeune à ce moment pour pouvoir réellement y comprendre quoi que ce soit, j'ai été très vite en quête d'information, bien que ne disposant pas d'une connexion internet à ce moment. Dieu merci, ce dernier détail m'a évité de faire comme quantité d'ados aujourd'hui, à savoir me contenter d'une recherche rapide sur internet qui est certes pratique, mais également dangereux, sans tomber dans de la paranoïa dinosaurienne primaire. Il faut reconnaître que l'on trouve de tout et n'importe quoi sur le net, et que faire la part du vrai et du faux s'avère délicat, comme c'est sans doute le cas lors de l'apparition et du développement de tout média. A ceci près qu'internet représente sans doute le paroxysme ogresque du développement des communications, et que son extension est bien trop rapide pour permettre le moindre contrôle ou la moindre maturité. Faut-il rappeler qu'il a fallut des siècles pour que l'invention de l'imprimerie soit effective et permette l'extension d'idées nouvelles? Si l'homme a de tout temps pu communiquer ces idées, souvent sources de progrès, elles n'en demeuraient pas moins l'apanage d'une certaine élite, ce qui lui évitait de sombrer dans les travers dangereux du populisme comme c'est le cas aujourd'hui avec le net. Certes, le net est un progrès indéniable, dans la propagations des connaissances. Cependant, comme tout outil, il doit être utilisé à bon escient. Si la calculette est un outil superbe, l'utiliser pour calculer combien font deux et deux la rend peut utile, et au contraire produit une sorte de nivellement par la base des capacités de nos braves petites têtes blondes, qui par son usage en perdent tout sens de l'estimation et acquièrent au contraire de fâcheuses habitudes « du moindre effort ». Pareil pour le net. Certes, l'information est à portée de clic, mais une caractéristique embarrassante du net est que n'importe qui peut y écrire n'importe quoi, et si l'on n'y prend pas garde, peut avoir valeur de parole d'évangile. Je ne prêche pas là une sorte « d'élitisme » contre productif: le principal intérêt du net est justement de permettre à tous l'expression. Ceci dit, certaines précautions sont à prendre, et les informations que l'on y trouve doivent être prises avec des pincettes. Quoi qu'on en dise, rien ne vaut une bonne formation « à l'ancienne » pour s'exprimer sur tel ou tel sujet. Si un esprit critique peut être développé chez certains, il ne remplace pas non plus la connaissance, les deux étant complémentaires. Une formation rigoureuse est sans doute le moyen le plus sûr d'arriver à un avis valable, même si un amateur doué peut produire de bonnes choses. En général, le professionnalisme est préférable à l'amateurisme, même si ce dernier peut parfois compléter le premier. Le professionnel n'est certes pas infaillible, mais il est certain que l'amateur même doué peut être encore plus vulnérable aux erreurs de jugements, et ce même avec les meilleures intentions du monde. Personnellement, je m'estime doué en histoire, ayant acquis quelques connaissances sur certaines périodes en tout cas. Mais il ne me viendrait pas à l'esprit d'aller expliquer son cours à un professeur d'unif, encore moins d'aller le contredire, à moins de m'appuyer sur de solides sources. Et il serait très probable que malgré tout je me plante dans pareil cas de figure. Après tout, on n'apprend pas à un vieux singe à faire la grimace! Or, le problème du net est qu'il n'y a pas de vérification de ce qui y est publié, et n'importe qui peut se donner n'importe quel titre. Le pire étant qu'un démagogue doué peut facilement bluffer pas mal de monde et tromper les gens sans que personne s'en rende compte. Ceci nous ramène à Wikipédia. J'y ai contribué donc. Lorsque j'ai pris connaissance de son existence, j'ai été intéressé par la quantité d'information s'y trouvant, le principal reproche que je faisais aux bonnes vieilles encyclopédies traditionnelles étant qu'elles ne satisfaisaient que rarement mon appétit vorace, pour peu que je m'aventure dans un terrain plus spécialisé. Grossière erreur, ce n'est pas parce que Mac Donald produit plus de frites qu'une baraque de chez nous qu'elles y sont meilleures! Mais à ce moment, je ne m'en suis pas rendu compte. L'idée de base est belle, remplie apparemment d'humanisme, et peut-être Wales était-il sincère lors de la création de Wikipédia, wiki pour les intimes. Mais bien souvent dans pareil cas de figure, une idée belle en apparence est détournée de sa fonction primaire et se révèle au final pour le moins décevante. Ce qui aurait pu devenir un bel outil s'est au contraire révélé comme étant l'exemple même de tous les excès que l'on peut trouver sur internet. Rétrospectivement ce n'est pas surprenant, les mêmes causes ont souvent ceci de particulier qu'elles produisent les mêmes effets. Mais sur Wikipédia, on se trouve confronté à une vraie petite révolution, avec tous les débordements que celle-ci peut comporter. Au final, chacun y agit pour soit, et l'on retrouve également un merveilleux exemple de tous les défauts dont le genre humain est affublé: égoïsme, fanatisme, intolérance, soif de pouvoir et bien d'autres. Car ce à quoi on assiste en direct, c'est à la naissance, au développement et, c'est à craindre, à l'importance future énorme d'une véritable nouvelle société. En tout cas, on y retrouve les mêmes ingrédients explosifs, donnant lieu à toutes les étapes de mise en place d'une dérive totalitaire: l'idée de base (connaissance universelle) reposant sur des fondations bancales (les pompeux principes fondateurs), laquelle se transforme en véritable idéologie, défendue bec et ongles par ses partisans devenus entre temps fanatiques (contributeurs zélés) faute d'encadrement (comité d'édition compétant totalement absent) développant telle une pieuvre ses tentacules sous la forme d'un appareil totalitaire (les administrateurs) dirigés par son gourou, le bien nommé Jimmy Wales.

 

Au départ, en y participant, je me suis trouvé confronté à quelques erreurs d'orthographe, preuve d'un certain manque de sérieux, mais jusque là rien de grave. J'avoue que l'orthographe n'est pas mon fort, et il y a certainement des erreurs dans ce que j'écris. Mais je ne me prétends pas non plus encyclopédiste. Puis, au fur et à mesure de mes recherches, et comme j'acquérais un peu plus de maturité (tout est relatif bien entendu!) je me suis aperçu qu'il y avait des erreurs grossières dans certains points historiques sur lesquels je suis suffisamment renseigné pour oser m'avancer. Je pense notamment à des idées reçues sur la seconde guerre mondiale, comme par exemple le mythe de la toute puissance allemande lors de son offensive de mai '40, ou encore celui de la bataille d'Angleterre. Le fait que les articles concernant ces évènements fassent la part belle à ces mythes m'a laissé pantois. J'ai bien essayé de rectifier le tir, mais la méthode à laquelle j'étais obligé de me soumettre m'a étonné: en effet j'ignorais que la vérité devait se dégager par consensus, après moult négociations. Quelle bien étrange façon de considérer l'histoire! Que l'on analyse des sources, quoi de plus normal? Mais justement, là où le bat blesse c'est que ces mêmes analyses sont vues comme jugements personnels, lesquels sont impitoyablement pourchassés et massacrés! C'est à se demander dès lors l'utilité d'un esprit critique! D'autant plus quand on vous réplique quelque chose comme « on ne cherche pas la vérité, mais l'ensemble des points de vues sur un sujet, et tous sont valables tant qu'ils sont sourcés » peu importe d'ailleurs la qualités inégales de ces points de vues, certains reposant sur du vent et étant facilement démontables. Quelque peu déconcerté par ces premières expériences, je me suis rendu compte qu'en fait ces pratiques, loin d'être anecdotiques, étaient au contraire monnaies courantes, presque la marque de fabrique de la maison! Bizarre pour une encyclopédie, ces manières à mille lieues d'une quelconque démarche scientifiques. Si j'avais su à ce moment! J'étais bien loin de me douter que cette révélation n'était que la première d'une longue série, dont la conclusion était au final que la médiocrité semblait être à tous les niveaux un critères préférés à n'importe quel autre concernant la rédaction sur Wikipédia. De découvertes en découvertes, j'ai d'abords été amusé, avant de me rendre compte qu'en réalité, ce qui pourrait être cocasse tant c'est caricatural représente en vérité un danger. Ce qui pourrait prêter à sourire dans d'autres circonstances est là au contraire particulièrement inquiétant, tant les gens de manière générale ne s'en rendent pas compte, préférant céder à la facilité du « tout à portée d'un clic » plutôt qu'à la recherche et à l'esprit cartésien permettant d'apercevoir les aberrations de ce système.

 

Je ne vais pas m'étendre plus sur cet article, car le sujet est vaste et il y a matière à pas mal de réflexion. Je suis bien conscients de n'avoir jusqu'ici fait que dénoncer sans apporter de preuve de quoi que ce soit. Cela viendra. Mais la conclusion d'une analyse même superficielle est que Wikipédia, de par ses excès, doit être utilisées au pire avec des pincettes, au mieux pas du tout, sauf à se renseigner sur l'orthographe de la capitale du Turkménistan (et encore, même là dessus on peut trouver des erreurs ou des polémiques, n'essayez pas de vous renseigner sur Taïwan ou Israël). En bref, ouvrez les yeux et restez vigilants! Cette mode qu'est wikipédia n'en fait pas la sainte écriture que ses ardents défenseurs voudraient y voir!

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