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10 janvier 2011 1 10 /01 /janvier /2011 18:59

 

En bref, les chiffres commerciaux chinois de l'année 2010 viennent de tomber, et confirment une tendance amorcée depuis environ 10 ans, qui voit chaque année l'empire du milieu accumuler un excédant commercial de plus en plus élevé, ce qui lui permet d'engranger de vastes réserves monétaires.

 

Qu'est-ce que cela signifie? Et bien pour parler grossièrement, que la Chine exporte plus que ce qu'elle importe, autrement dit qu'elle vend plus que ce qu'elle achète, ce qui lui permet ainsi de faire des bénéfices plus que respectables, vu qu'ils s'élèvent pour l'année 2010 à plus de 180 milliards de dollars, ce qui équivaut à peu de chose près à l'épargne de l'ensemble des Belges. Il est à noter qu'elle parvient à faire cela de deux manières: d'une part en mettant en place une politique protectionniste limitant fortement l'accès au marché intérieur chinois aux produits étrangers, et d'autre part en entretenant un cercle vicieux avec la valeur de sa monnaie.

 

Ainsi, une bonne part des bénéfices commerciaux lui permet de se constituer une réserve appréciable de devises occidentales, en achetant à tour de bras des euros, des livres et bien entendu des dollars, ce qui lui permet de maintenir la valeur de ces devises élevée par rapport à la sienne propre, le yuan Renminbi, laquelle se retrouve par conséquent sous-évaluée. Or, quelle est la conséquence majeure de cette disparité entre monnaies chinoise et étrangère? Le fait que les exportations chinoises sont plus compétitives sur la scène internationale, car à moindre coût. A l'inverse, un ouvrier payé en yuan aura bien du mal à s'acheter un produit manufacturé en occident et qui restera pour lui hors de pris, surtout si à cela s'ajoute des taxes d'importations et des frais de douane exhorbitants. Ainsi donc, la Chine en agissant de la sorte peut encore amplifier de plus en plus son excédant commercial.

 

Inutile de préciser que cette politique économique est dangereuse pour nous. D'une part et en continuant comme ça, la Chine pourra à terme réguler à sa guise les taux de changes internationaux, ou en tout cas les modifier d'une manière non négligeable. Imaginons qu'elle décide demain de vendre ses dollars pour racheter de l'euro à la place, il est clair que cela pénalisera fortement les exportations européennes, rendues moins compétitives. Grâce à cela, la Chine peut évidemment faire pression sur tel ou tel état, en brandissant la menace chaque jour de plus en plus plausible d'une attaque monétaire massive. D'autre part, agir de la sorte lui permet d'entretenir une croissance prodigieuse flirtant avec les 10%, et ainsi d'assoir sur la scène internationale une position de plus en plus confortable, tant sur le plan économique que politique.

 

Le meilleur de tout, c'est que cette situation ne sert finalement pas aux Chinois eux-mêmes, tout du moins pas aux citoyens lambdas. Pour suivre une pareille croissance, le gouvernement sacrifie totalement l'intérêt de l'individu, au bénéfice supposé de la société, ce qui se traduit bien entendu par un total mépris pour les droits de l'homme, par des conditions de travail et de sécurité désastreuses, et par des droits sociaux qui bien souvent ne sont qu'illusoires. On peut également noter que la Chine est passée l'année dernière au palmarès des pays les plus pollueurs, dépassant les Etats-Unis dans ce classement peu glorieux. Certes, cela est également à rapprocher de la récession économique américaine, les industries tournant au ralenti et produisant de ce fait moins de matériaux polluants, mais même en tenant compte de ça, ça reste un point non négligeable. Et je ne parle même pas de la colonisation par la Chine de l'Afrique qui rappelle aussi bien sur le fond que sur la forme la colonisation honteuse que celle-ci avait déjà subie par le passé...

 

Les conclusions de tout ceci ne sont pas brillantes. Il y a fort à parier que, 20 ans après la première, nous entrions dans une deuxième guerre froide. Et il ne faut cette fois pas compter dans l'immédiat sur la force des Etats-Unis qui quoi qu'on en dise sont entrain de perdre la main: le président Obama se caractérise en effet par un immobilisme dangereux. Il n'y a plus qu'à espérer qu'il ne soit pas trop tard lorsque l'on se réveille.

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