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22 mars 2012 4 22 /03 /mars /2012 18:36

 

Jusqu'à présent, en Belgique, les deux premiers cycles des études de médecine s'étalaient sur 7 ans. Cependant, depuis l'année dernière, le ministre de l'enseignement supérieur de la Fédération Wallonie-Bruxelles Jean-Claude Marcourt prépare un projet de réforme de ces études, pour les réduire d'une année.

 

Officiellement, les objectifs sont doubles: d'une part s'aligner sur les autres pays européens, d'autre part « favoriser l'accompagnement des étudiants durant leur première année et mettre fin à l'élitisme pratiqué dans certaines universités ».

 

Pour se faire, une partie des cours actuellement donnés en quatrième année (première master) seraient abaissés sur la troisième année (troisième bac, anciennement troisième « candi »), tandis que les cours actuellement donnés sur l'ensemble de la première année seraient comprimés sur un seul quadrimestre. Il va de soit que la charge de travail pour les étudiants concernés augmenterait: actuellement, ceux-ci ont une session d'examen dispensatoires en janvier qu'ils peuvent en cas d'échec repasser en juin, avant, en cas de nouvel échec, de passer en deuxième session au mois d'août. Malgré ces chances successives, rappelons que le taux de réussite en première est de l'ordre de 25%, tant ces études sont dures et éprouvantes.

 

Comme il est impossible de faire passer un nombre d'heure d'une année sur quatre mois à peine, le ministre entend exiger une liste de pré-requis pour éviter de revoir les bases élémentaires en chimie, biologie, physique et mathématique, ce qui revient à fermer l'accès à ces études aux étudiants n'ayant pas suivi un programme de sciences fortes en secondaire. Pour s'assurer de la possession des connaissances requises, le ministre entend mettre en place un test à l'entrée, obligatoire mais non contraignant (du moins pour l'année académique 2012-2013). De plus, les étudiants qui à l'issu de la session de janvier obtiendraient une moyenne inférieure à 40% se verraient refuser l'accès à la suite du cursus et seraient réorientés en cours d'année vers un autre cursus ou verraient leur première année étalée sur deux ans... à leurs frais.

 

Rappelons qu'actuellement plus de la moitié des étudiants ont moins de 8/20 en janvier (chiffre qui augmenterait fortement, vu que les cours vus actuellement sur l'ensemble de la première année seraient vus en quatre mois, soit une augmentation de difficulté conséquente). Rappelons également que 20% des étudiants qui réussissent en juin, c'est-à-dire à leur deuxième chance, sont des gens qui ont ratés en janvier et suite à cet échec se sont remis en question et ont corrigé le tir en modifiant leur méthode. Enfin, rappelons qu'il y a une pénurie de médecin suite au vieillissement de la population (y compris les praticiens dont la moyenne d'âge dépasse les 50 ans) mais aussi et surtout suite aux quotas fédéraux, que ce soit au début des études (le fameux numérus clausus, actuellement suspendu, et qui limite le nombre d'étudiants pouvant accéder à leur deuxième année) ou à la fin lorsqu'il s'agit d'attribuer aux étudiants ayant terminé leurs études un numéro INAMI, lequel est une condition sine qua non pour pouvoir exercer.

 

Pour l'anecdote, certains étudiants ayant suivi un cursus littéraire dans leurs études secondaires ont aujourd'hui de meilleurs résultats que moi qui suis passé par une filière de sciences fortes. Avec un filtre à l'entrée, de tels étudiants pour le moins brillants seraient condamnés à se tourner vers d'autres études. Par ailleurs j'ai personnellement lamentablement échoué lors de ma première année. Mes résultats dépassent aujourd'hui les 80%, grâce à des changements dans ma méthode de travail. Inutile de dire qu'une réforme des études telle que ce qui est prévu par le ministre ne m'aurait à l'époque laissé aucune chance.

 

La levée de bouclier contre cette réforme est générale, que ce soit de la part des étudiants concernés ou du personnel académique. Tous s'attendent à une catastrophe à venir, et les réactions sont nombreuses, y compris d'ailleurs de la part de certains politiques, dont les Jeunesses Socialistes (pour mémoire, Marcourt est du Parti Socialiste et est donc désavoué au sein de son propre clan). Je reproduis ici un projet de réaction des étudiants de Mons, dont je suis l'auteur, et qui reprend les principaux arguments contre cette réforme. Je précise bien qu'il s'agit d'un projet de communiqué, qui n'a aucun caractère officiel à l'heure actuelle et n'engage que moi. Cependant, il a le mérite de synthétiser les différents arguments contre la réforme, c'est pourquoi je le reproduis ici.

 

« En tant que représentants des étudiants de l'Université de Mons, nous prenons acte de la volonté du ministre Marcourt de réformer les études de médecine et en particulier le passage de 7 années en 6 ans du cursus général suivis par les étudiants de cette filière.

 

Cependant, nous ne pouvons qu'émettre certaines réserves à cet égard.

 

Tout d'abord, nous nous interrogeons sur la nécessité d'une telle réforme et sur ses objectifs affichés. Si la volonté d'un alignement par rapport à ce qui se fait ailleurs en Europe nous paraît légitime, nous imaginons mal comment ces changements pourraient déboucher sur une diminution du taux d'échec en première année. Au contraire, les faits d'instaurer des pré-requis à l'entrée et de compresser les programmes vus actuellement au cours des deux premières années nous paraît être un obstacle supplémentaire à la réussite. Force est de constater que cette crainte est par ailleurs partagée par tous les acteurs de ce secteur, étudiants comme enseignants.

 

De plus, la mise en place de pré-requis nous paraît incompatible avec la situation socio-économique actuellement observée en Belgique francophone. D'une part cela reviendrait à interdire l'accès aux élèves n'ayant pas suivit de programme de sciences fortes au cours de leur cursus secondaire. D'autre part, et connaissant les difficultés rencontrées dans l'enseignement secondaire, il nous paraît clair que de futurs étudiants n'ayant pas bénéficié d'un enseignement de qualité se verront défavorisés lors de l'accès aux études de médecine, et ce indépendamment de leurs capacités réelles. Enfin, au regard de la pénurie actuelle de médecins, spécialisés ou non, il nous paraît inadéquat de faire passer des mesures qui auront pour conséquences inévitable une baisse du nombre d'étudiants en médecine, et à fortiori du nombre de praticiens dans les années futures.

 

Concernant cette fois le test d'entrée obligatoire non contraignant, nous ne pouvons qu'exprimer notre inquiétude quant à la possibilité qu'il puisse devenir à terme contraignant. Nous tenons à souligner le fait qu'il nous paraît difficile d'évaluer objectivement les capacités d'un étudiant à réussir des études de médecine sur base de ses acquis du secondaire. À la différence de ce qui se fait en faculté Polytechnique, de tels tests évalueraient plus les connaissances générales des étudiants, évidemment perfectibles, que leur compétences acquises. Or, ce niveau de connaissances est malheureusement bien souvent corrélé avec l'origine sociale de l'étudiant, et de ce point de vue une telle mesure serait donc totalement injuste. De plus, l'organisation envisagée par le ministre de cours préparatoires ne tient pas compte des élèves de rhétorique qui auraient une deuxième session pour achever leur parcours secondaire, et seraient donc dans l'incapacité d'assister à ces remédiations. De même, la mise en place de ces dernières représente une charge supplémentaire pour les universités et les moyens débloqués pour y faire face sont à l'heure actuelle inconnus.

 

Nos inquiétudes concernent également les décisions prises par les jurys à l'issue de la session de janvier, décisions qui peuvent aller jusqu'à une réorientation des étudiants vers d'autres filières en cas d'échec grave. De telles décisions seront lourdes de conséquences pour le futur de l'étudiant, qui devrait de plus entamer en cours d'année un autre cursus, ce qui paraît difficilement réalisable. Quant à la possibilité d'étalement de la première année sur deux ans, si elle n'entraîne pas de frais de réinscription aussi élevé qu'un redoublement, elle ne dispense cependant pas de devoir s'acquitter de frais de logement ou de transport, lesquels pèsent très lourd sur le budget des étudiants. Il nous faut également noter que près de 20% des étudiants réussissant leur année ont été en situation d'échec en janvier. Une décision telle que la réorientation à ce stade condamnerait ainsi de nombreux étudiants qui sans elle aurait potentiellement pu se remettre en question, adapter leurs méthodes et leur niveau de connaissances et finalement réussir malgré ce mauvais départ.

 

Enfin, nous nous interrogeons sur la compatibilité d'une réorientation forcée de l'étudiant en échec avec le décret dit de Bologne, lequel lui assure normalement de disposer de plusieurs tentatives pour corriger cet échec.

 

Pour toutes les raisons exposées ci-dessus, nous estimons de notre devoir, et en vue de défendre les intérêts des étudiants concernés, de prendre position contre ce décret et de déplorer son éventuelle mise en œuvre future sous cette forme. »

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18 décembre 2011 7 18 /12 /décembre /2011 13:27

 

Normalement ce blog est fermé, cependant je ne peux m'empêcher d'y faire quand même un coup de gueule, même si c'est plus pour la forme qu'autre chose. Un coup de gueule concernant la récupération d'un fait divers dramatique à des fins ouvertement racistes, un peu comme si la haine du tueur ne se suffisait pas en elle-même et qu'il fallait y ajouter l'exclusion de l'autre en prime.

 

La semaine dernière, mardi 13 décembre plus précisément, survenait à Liège un véritable massacre place Saint-Lambert. Un homme, isolé, s'est mis brusquement à tirer sur la foule tout en balançant des grenades. Bilan: 4 morts et 123 blessés. Plus tard, on devait découvrir chez l'auteur des faits le corps d'une femme de ménage de 45 ans assassinée peu avant. L'homme était bien connu de la justice pour des faits de mœurs, en particulier trafic de cannabis et détention d'armées prohibées. Comble de l'ironie, il devait comparaître le jour même une énième fois pour des faits similaires...

 

Ces détails sont bien connus, et ont été amplement relayés par la presse. Aujourd'hui même, dans les traditionnelles émissions de « débats » dominicales, sont posées de nombreuses questions concernant le durcissement en matière de législation au sujet des armes à feu, ou encore les conditions de libération anticipée, Nordine Amrani en ayant bénéficié.

 

Mais à coté de ces questions plus ou moins légitimes sur lesquelles il y aurait beaucoup à dire (même si le moment est sans doute malvenu, l'émotion suscitée par le drame étant fort peu propice aux débats éclairés et raisonnés) se développent d'autres « interrogations » bien plus malsaines. Sur le net en particulier, c'est à un tout autre débat auquel nous assistons. En effet, et si vous ne l'avez pas encore remarqué, de nombreuses personnes ont tendance avec insistance à souligner la consonance du nom de l'auteur. Vous saisissez?

 

Ce n'est pas vraiment une surprise de voir toujours les mêmes imbéciles sauter sur l'occasion pour réclamer un durcissement des conditions d'immigration, en cachant à peine leur racisme sous-jacent sous des arguments soit-disant raisonnés, et tout en s'en défendant. Par contre, il est plus surprenant de voir des quidams lambdas s'en donner à cœur joie.

 

Ainsi, un jeune d'une vingtaine d'année nommé Florian Henin a beaucoup fait parler de lui en publiant sur son blog un texte intitulé « Je suis mort à Liège mon amour ». Ce texte n'est aujourd'hui plus disponible, mais insistait, tout en se défendant d'être raciste, sur le caractère « arabe » de l'auteur des faits, par ailleurs supposé musulman « C'est un Arabe, peut-être (surement ?) musulman. Où est-ce que je veux en venir ? Nulle part, je constate. ». Dit comme ça, l'air de rien. L'auteur n'est pas raciste, rappelons-le.


Sérieusement, quelqu'un peut gober ça?

 

N'en déplaise à l'auteur du texte, Nordine Amrani a toujours vécu en Belgique comme ses parents, et n'est même pas musulman comme l'a précisé son avocat. Et quand bien même, cet acte n'est en rien un attentat à visée islamiste, mais l'action d'un homme isolé, un « tireur fou », comme on en trouve malheureusement dans tous les pays. Ici même, en Belgique, n'a-t-on pas déjà connu Kim De Gelder, un « bon belge » comme diraient certaines, auteur d'une tuerie à coups de couteau dans une crèche? D'autres exemples sont relatés ici. Attention cependant, sont repris là dedans divers attentats terroristes (comme l'action des CCC en 1985-1986). Mais aucun de ces auteurs n'est musulman. Et aucun n'a un nom à consonance étrangère. Il en est de même pour la plupart des actes de ce type dans le monde, en témoignent ceux – très médiatisés – qui se produisent avec une fréquence alarmante aux Etats-Unis.

 

Faut-il rappeler qu'à coté de ces actes, on trouve également des tueries ouvertement racistes, mais commises non pas par des immigrés mais par des gens « bien de chez nous » qui poussent leur haine de l'autre jusqu'à commettre l'irréparable? Ainsi en 2006, à Anvers, Hans Van Themsche, militant d'extrême droite, abattait deux personnes – étrangères – et en blessait sérieusement une autre. Et tout le monde garde encore en mémoire la folie meurtrière d'Anders Breivik. Ironie du sort, le jour même de la tuerie de Liège se déroulait à Florence un autre acte meurtrier à motifs racistes, quand un militant d'extrême-droite italien tuait deux Sénégalais. Comme quoi, ces massacres d'extrême-droite tuent sans doute bien plus de gens que les immigrés éternellement pointés du doigt.

 

Au fait, comment le gouvernement norvégien a-t-il répondu à la folie de Breivik? Et bien, là où pas mal de gens prôneraient un durcissement et une politique « sécuritaire », le premier ministre Jens Stoltenberg entend au contraire développer la démocratie et les idéaux républicains. Force est de constater que beaucoup de personnes ici-même feraient mieux de s'en inspirer un peu plus.

 

La palme revient sans doute à Laurent Louis, ancien député du Parti Populaire dont j'ai déjà parlé, et qui est bien connu pour ses discours populistes. Laurent Louis a lui-même été éjecté peu après avoir tapé sur les Roms qui, selon-lui, ne peuvent vivre que de déprédation. Un vrai petit (!) Sarkozy en puissance celui-là! Et que dit-il justement? Et bien lui aussi se défend de tomber dans le racisme. Il condamne même les propos de Florian Henin. Mais c'est uniquement pour paraître plus modéré, et faire ainsi passer en douce ses idées qui restent toujours les mêmes, à savoir une immigration contrôlée et un débat sécuritaire « extrait des mains de l'extrême-droite ». A oui, à noter la perle suivante: « Le racisme, la stigmatisation, ce n’est pas cela qui règlera les problèmes de délinquance et de criminalité dans notre pays. En stigmatisant une race (dans le cas présent la race arabe), l’auteur ne fait qu’attiser la haine via un discours primaire et raciste. ».

 

Il n'a sans doute pas appris qu'il n'y avait pas de races humaines, et que les gens qui prétendent le contraire sont justement... les racistes, depuis longtemps désavoués par la biologie. Comique non?

 

Deux dernières pour la route. Une marche blanche en mémoire des victimes a été organisées hier. Seul hic: elle était lancée à l'initiative d'un militant d'extrême-droite. Quant à la première victime inhumée fin de semaine, il s'agit de Medhi Nathan, musulman pratiquant et enterré selon le rite islamique.

 

Non, s'insurger contre ces discours et ces récupérations malsaines n'est pas faire mine de bien pensance hypocrite. Il s'agit juste de rester vigilant face aux dérives habituelles des populistes d'extrême-droite qui détournent comme toujours l'émotion – légitime – suscitée par un tel drame pour faire passer leurs propos démagogiques et dangereux en douce.

 

Edit: le texte de Florian Henin est encore visible à cette adresse.

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25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 22:54

 

L'actualité du Parti Populaire, ou plutôt de ce qu'il en reste a été relativement chargée ces derniers mois. Petit passage en revue, car certains points sont pour le moins intéressants et assez révélateurs des pratiques assez... tendancieuses de ce parti.

 

On se souvient qu'en août dernier l'unique élu, Laurent Louis, avait tenu des propos intolérables au sujet des Roms, en réplique à la dérive sécuritaire du gouvernement français. Propos dans lesquels il disait "que les Roms doivent voler ou faire des trafics pour subsister". A la suite de quoi Rudy Aernoudt, co-fondateur du parti, en avait été écarté après avoir vainement réclamé des explications et surtout des excuses de la part de l'intéressé.

 

Il était clair que les tensions n'allaient pas s'arrêter là. Aernoudt était en effet le fondateur du parti, à égalité avec Mischaël Modrikamen, et son départ allait provoquer une scission au sein de la formation politique. Mieux encore, chacun se revendique de l'héritage « officiel » du parti, tel qu'il fut fondé, et seul représentant légitime. Bref, une sorte de conflit entre pape et anti-pape s'excommuniant l'un-l'autre. A l'heure actuelle, le conflit est encore loin d'être résolu.

Et ce n'est certainement pas la suite des évènements qui allait faciliter les choses! En effet, coup de tonnerre suivant au moins de janvier dernier: le seul élu du parti s'en est allé à son tour, avec pour intention de fonder un nouveau parti (décidément, c'est un vrai tic chez eux!) L'une des raisons invoquées par Laurent Louis est la dérive « populiste et raciste (sic!) » prise par Modrikamen et ses sbires. Dans la foulée, le président des jeunes du parti a également démissionné, épinglant au passage les changements d'attitudes constants du PP. En particulier, rappelons que lors de sa fondation, le parti était présenté comme un parti nationaliste belge, jetant des ponts au dessus des communautés et allant presque jusqu'à nier les différences (culturelles, politiques et sociales) entre nord et sud. Le discours actuel est tout à fait à l'opposé: il s'agirait maintenant de prôner le modèle confédéral, soit l'exact opposé de la ligne originale!

 

Là où le départ de Laurent Louis est une véritable catastrophe, c'est que par la même occasion le parti et son ex-représentant ont perdu leur dotation (en plus de leur faible crédibilité). Et la bataille à ce sujet s'annonce féroce! Il faut dire que la somme, de l'ordre de 400 000€ annuels, est conséquente pour une formation aussi restreinte. En conséquent, Modrikamen tente de recourir à divers subterfuges pour récupérer sa bourse, tout en radicalisant de plus en plus son discours et en se ré appropriant divers symboles populaires.On notera au passage parmi les 20 priorités du « nouveau PP » (disponibles sur leur site) reprenant leur habituelle rhétorique populiste la phrase adressée aux écologistes « il importe de ne pas sombrer dans le catastrophisme ambiant autour de prévisions climatiques qui demeurent aléatoires et controversées ». Inutile de s'étendre plus longuement sur ce point, mais il est cependant curieux de voir une formation politique défendre le point de vue des « climato-sceptiques ». On trouve aussi un succulent « la Belgique doit assurer des conditions d'abattage respectant le bien-être animal », allusion à peine dissimulée aux abattages rituels exécutés par les musulmans lors de certaines fêtes.

 

J'ai oublié de signaler qu'en octobre, le parti avait tenté de ressusciter l'ancien journal Le Peuple, organe de presse d'extrême gauche ayant disparu en 1998. Levé de boucliers de la part des anciens membres de la rédaction dudit journal, et quelques actions en justice plus tard, il semble bien que le PP puisse disposer à sa guise du nom. Inutile de souligner à quel point on sombre encore une fois dans la caricature, avec la ré-appropriation par des populistes de droite d'une ancienne marque des populistes de gauche. Logique.

 

Récemment, et de manière plus anecdotique, j'ai été mis au courant d'un autre fait du PP. Anecdotique certes, mais néanmoins révélateur de l'audace et du peu de cas que fait le PP de la justice, et en particulier de la gestion du droit à l'image. On se souvient au mois de janvier dernier de la tenue à Bruxelles d'une grande manifestation populaire en réaction à l'immobilisme politique dans lequel nous sommes plongés depuis maintenant un an. Le mouvement avait largement dépassé toutes les espérances de ses organisateurs. Ces derniers avaient bien spécifiés lors de l'organisation de la manif que cette dernière n'était porteuse d'aucun message politique autre qu'un appel aux élus de prendre leurs responsabilités une bonne fois pour toutes, et que par conséquent aucune récupération ne serait acceptée. Pensez-vous que le PP s'en est soucié? Et bien pas du tout.

 

L'affaire est narrée sur le blog de l'un des organisateurs, Simon Vandereecken . Le Parti Populaire s'est servi d'images prises lors de l'évènement pour la réalisation d'un clip promotionnel, clip dans lequel on peut apparemment clairement identifier Simon Vandereecken. Celui-ci s'est empressé de faire savoir son mécontentement au Parti, qui a répondu en la personne de son secrétaire. Aucune excuse pour le préjudice subit par Simon Vandereecken, pas même un mot compréhensif. Non. Juste des propos mêlant arguments juridiques sur le droit à l'image et mauvaise foi, en allant jusqu'à prétendre qu'il ne s'agit pas d'un clip politique, mais uniquement d'ordre général (alors que le titre du clip est « clip de campagne »!), ou en affirmant avoir reçu l'autorisation des organisateurs de la manifestation (rappelons que Simon Vandereecken en fait précisément partie).

 

J'ignore ce qu'il en est précisément concernant les ressorts juridiques de cette dernière histoire. Les arguments de Simon Vandereecken me paraissent cohérents, cependant je ne suis pas juriste ni compétent en la matière. Mais il me semble que la moindre des courtoisies serait d'accéder à la demande somme toute raisonnable de Simon Vandereecken, qui ne désire pas (et on le comprend!) voir son image associée à celle du Parti Populaire. Quant à la mauvaise foie affichée aussi ostensiblement par l'un des principaux responsables du PP, elle montre clairement à quel point ce parti est méprisant et prend les autres pour des cons.

 

Mais n'est-ce pas là justement une des caractéristiques communes à tous les populistes?

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23 janvier 2011 7 23 /01 /janvier /2011 14:56

 

Ce matin Imagix Mons, le cinéma phare du Hainaut, a brûlé. Ce matin, un pompier est décédé en combattant l'incendie. Un de plus. Cet homme, Etienne Manise, était âgé de 39 ans, père d'un enfant de 3 ans et membre du club de rugby local. Et il se trouve encore des gens, en Belgique, pour considérer que sapeur-pompier n'est pas un métier à risque. A ces gens, politiciens en tête, je leur dis: « que vous faut-il de plus? ».

 

Les circonstances de l'incendie sont encore incertaines. L'origine criminelle n'est pas écartée, certains avancent même un règlement de compte. Il faut dire que le feu a démarré dans la discothèque jouxtant le cinéma. Cette discothèque ainsi que la brasserie attenante ont été complètement détruites, les dégâts au cinéma en lui-même n'étant pas encore bien évalués. On a évité le pire: à l'heure de l'incendie avait lieu l'avant-première du film de Dany Boon, « Rien à déclarer ». La « seule » victime étant le pompier montois.

 

Mais c'est une victime de trop. Les circonstances de ce décès sont également inconnues, une enquête devra avoir lieu et il est bien entendu trop tôt pour pointer d'éventuelles responsabilités. Mais entre les pleurs, les suppositions et l'émotion soulevée, on ne peut que souligner certains points qui manifestement ne l'ont pas été suffisamment jusqu'à présent, et ce alors que le sujet est récurrent à chaque drame de la sorte. Comme par exemple le fait que leur métier n'est pas reconnu pénible ou à risque.

 

Les pompiers en Belgique ne forment pas un corps indépendant, mais sont considérés comme des agents communaux dépendant des institutions locales. Il en résulte qu'il y a près de 250 corps de sapeurs-pompiers, et que leur régime varie selon leur localisation. Mais d'une manière générale, il en ressort une tendance nette: quelle que soit la caserne concernée, elle se caractérise bien souvent par un manque de moyen criant. Une bonne partie du matériel date de plus de 30 ans, et l'arrivée de nouveaux véhicules peine à compenser les retraits. Certaines casernes sont à la limite de l'insalubrité. Mais par-dessus tout, je l'ai déjà dit, leur métier n'est pas reconnu comme étant dangereux, contrairement par exemple aux policiers (ce qui est normal, je ne dénigre en rien ces derniers qui font un travail formidable comme je l'ai déjà évoqué). Un comble.

 

Ces polémiques ne datent pas d'hier. En fait, elles sont venues sur le devant de la scène lors du drame de Ghislenghien, où 5 victimes sur 24 étaient issus des rangs des soldats du feu. A ce moment, l'affaire avait été mise en avant aussi bien par les médias que par les politiciens qui promettaient de remédier à la situation. C'était il y a 6 ans. Depuis, on a inauguré un nouveau centre de formation ultra-moderne. Insuffisant. Je me souviens qu'à l'époque, on avait évalué les besoins en véhicule à un minimum de 70 million d'euros. Seuls deux petits millions avaient effectivement été alloués cette année-là, soit à peine de quoi acheter 3 camions-échelles. Des progrès ont été fait, mais toujours aussi faibles, en particulier l'harmonisation des status professionnels est encore loin d'être une réalité.

 

Et pourtant, ces hommes combattent le même ennemi. Il est lamentable de constater qu'à l'instar d'autres défenseurs et protecteurs de la société (comme les policiers) ils sont lâchés – car le mot n'est pas trop fort – par l'arrière sensé les soutenir. Ces hommes font un métier dangereux, et n'hésitent pas à donner leur vie pour les autres, et parfois même simplement pour du matériel. Les abandonner comme c'est trop souvent le cas est une véritable trahison, une insulte à la mémoire de ceux qui y laissent leur peau et une abomination.

 

Nul doute que l'on va encore en parler pas mal dans les jours à venir. Entre promesses et récupération politique, le nom de la victime va à tous les coups être instrumentalisé. Comme si la douleur de ses proches, famille, amis et collègues n'était pas suffisante sans aller encore en rajouter. Non, par-delà la mort déjà difficile à assumer d'Etienne Manise, il va encore leur être réclamé un sacrifice. Celui de son nom. En espérant que cette fois, il ne sera pas vain.

 

Aussi à ces gens, je ne peux que leur souhaiter bon courage. Ainsi que des sincères condoléances, si futiles soient-elles.

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22 janvier 2011 6 22 /01 /janvier /2011 17:21

 

Aujourd'hui j'écris pour faire part de mon indignation. Mon indignation par rapport à un journal français aux prétentions pseudo-intellectuelles qui se paie régulièrement le luxe de juger une situation sans même tenter de la comprendre, n'hésitant pas au passage à déformer la réalité pour la plier à sa vision fantasmée et idéologisée qu'il se fait de la société. Ce journal, c'est Libération. La raison de mon raz-le-bol à son égard: sa vision totalement tronquée de ce qu'est la Belgique, vision qui est relayée dans ses pages d'autant plus souvent que la situation politique belge stagne et – je peux le comprendre – interpelle par-delà nos frontières. Cependant, le devoir d'un bon journaliste est de présenter une information, éventuellement décortiquée, mais en aucun cas partisane. Le minimum de l'honnêteté intellectuelle dans le cadre d'un travail journalistique consiste à s'interroger réellement sur le fondement des choses, et non sur une vision partielle et superficielle que l'on s'en fait.

 

Très fréquemment, Libération entend insinuer par des analyses intellectuelles (ou se prétendant comme telles) la non-existence de la Belgique, discours qu'il partage au choix avec le Front National français ou ceux que l'on regroupe sous le nom d'euro-sceptiques. Bien entendu, les raisons sont différentes: le FN prône le rattachement à la France de toute terre qu'il juge française (et ce alors que la Wallonie n'a pratiquement jamais été française, mais la ré-écriture de l'histoire est monnaie courante chez l'extrême-droite), tandis que les deuxièmes verraient l'éclatement de la Belgique comme une preuve du fait qu'il est selon eux impossible de faire cohabiter des gens de cultures différentes au sein d'une sorte d'Europe fédérale. Quant aux journalistes et chroniqueurs de Libération, la raison est autre: leur méconnaissance de la Belgique, de son histoire, de sa culture et de ses peuples, doublées par la certitude que leur soit-disant intellectualisme les rend infaillibles, ce qui les pousse à refuser toute remise en question et à éprouver du mépris vis-à-vis des autres, vu qu'ils se sentent incomparablement supérieurs. En tout cas, c'est clairement l'impression qui se dégage à la lecture de ce torchon, tout du moins des articles publiées concernant la Belgique. Ce n'est pas compliqué: jamais je n'ai vu un article de ce quotidien relatant l'actualité belge, si ce n'est en la présentant de manière orientée pour coller à une idéologie qui est la leur. A savoir le fait que la Belgique ne serait qu'une invention artificielle de nationalistes, et qui en tant que telle ne peut être qu'une cible toute désignée pour des communistes archaïques comme ceux se trouvant à la rédaction du journal.

 

Et le dernier article ne fait pas exception. Il aborde la manifestation prévue demain, dans le cadre du mouvement « Shame ». Au milieu des remarques tantôt faussement condescendantes, tantôt méprisantes, on ne peut que relever certaines erreurs graves du journaleux. Erreurs qui ont le mérite de venir à point pour souligner le propos défendu. Par exemple concernant les organisateurs de la manifestation, 4 néerlandophones et un francophone, l'auteur (un certain Jean Quatremer, détaché de Libération à l'Europe) souligne qu'ils sont bruxellois (en se basant sur le fait qu'ils sont étudiants à la VUB, « l'université flamande de la capitale »), donc font partie « des derniers Belges vraiment attachés à leur pays ». Deux erreurs lourdes ici: les Bruxellois sont loin d'être les seuls Belges désireux de continuer ensemble, les Wallons le sont aussi majoritairement et même les Flamands: « seuls » 40% d'entre eux ont voté pour des partis nationalistes flamands, soit 25% de la population belge. Deuxièmement la Vrije Universiteit Brussel n'est en rien flamande (mais néerlandophone) et ce n'est pas parce qu'on la fréquente que l'on est bruxellois. A noter la contradiction de l'auteur: l'université serait « flamande » mais ses étudiants « bruxellois ». Désolé monsieur Quatremer, mais c'est exactement l'inverse: l'université est identitairement bruxelloise et se réclame comme telle, mais fréquentée par une majorité de Flamands, un peu comme sa pendante francophone (l'ULB) dont beaucoup d'étudiants sont Wallons. En Belgique c'est comme ça: beaucoup de masters ne sont disponibles que dans les grandes universités de la capitale et de Louvain, et moi même je devrai sous peu poursuivre mes études à Bruxelles. Concernant les organisateurs de la manif toujours, Quatremer oublie de signaler que l'un d'eux n'est autre que le fils de Stefaan De Clerck, ministre CD&V allié à la N-VA. Un détail insignifiant sans doute... Je trouve personnellement que le message est fort: les organisateurs de la manifestation ne sont pas des francophones désespérés pour l'avenir de leur pays, mais bien des Flamands qui prennent les devant pour dire aux politiques qu'ils en ont marre, et leur rappeler qu'ils ont des devoirs par rapport aux électeurs qui leur ont accordé leur confiance. Des Flamands qui justement prouvent que tous ne sont pas séparatistes. Qui plus est, on peut lire sur la première page du site consacré à la manif « C'est dans la modération que réside le véritable courage politique, pas dans l'entêtement à défendre à tout prix sa position ». Phrase qui a échappé à pas mal de monde lorsqu'il s'agit aujourd'hui de prétendre que ce mouvement serait prêt à accepter n'importe quoi, à n'importe quel prix.

 

Il est curieux de voir à quel point Libération, toujours prompt à mettre en avant et à louer un mouvement citoyen lorsqu'il s'agit de critiquer au choix le capitalisme, la mondialisation ou le sarkozysme change de discours dès lors qu'un mouvement en tout point identique voit le jour pour défendre un point de vue n'entrant pas dans leur ridicule idéologie démago, populiste et dépassée de gauchos primaires. Et d'embrayer par un mépris allant jusqu'à déligitimiser le mouvement en question. Certes, on peut critiquer par bien des cotés la « mobilisation citoyenne » de demain. Mais est-elle plus ridicule que des jeunes français manifestant pour la forme contre le CPE sans même savoir ce que c'est? Ou manifestant contre la réforme des retraites histoire de sécher une journée de cours? Ces Français-là ne sont pas plus au fait de la chose politique que les Belges attendus demain. Je dirais même qu'ils sont exploités par le politique, en la personne de l'opposition, qui met en avant leur mobilisation pour montrer que le peuple ne veut pas des réformes proposées par le gouvernement. Que la majeure partie d'entre eux n'ont pas idée de ce pour quoi ils défilent est soigneusement passé sous silence. Les Français qui ont arpenté les rues il y a quelques mois ne l'ont en général pas fait pour dénoncer les réformes en elles-mêmes, mais plutôt pour faire part de leur raz-le-bol à l'égard du sarkozysme. Les manifestants de demain sont en tout point semblables. Ils n'entendent pas revendiquer quoi que ce soit de précis. Ils veulent juste exprimer leur lassitude. Exactement comme les Français. Les uns sont encensés, les autres méprisés. Par les mêmes journalistes. Cherchez l'erreur.

 

Bien sûr, on peut critiquer ce mouvement, ou en tout cas s'interroger à son sujet. Réclamer un gouvernement dans l'urgence n'est sans doute pas la meilleure des choses à faire, surtout de manière aussi confuse, en ne sachant pas très bien ce que l'on revendique au juste. Les politiques francophones, pris à la gorge par la rue, risquent d'accepter l'inacceptable pour en finir au plus vite, ce qui au final ferait plus de bien que de mal. Comme le souligne Philippe Walkowiak, avant de demander un gouvernement, il faudrait se poser la question « pour quoi faire? », en sachant que tous les pays disposant d'un gouvernement n'en sont pas réjouis pour autant. On pourrait débattre là-dessus pendant des heures, et je ne suis pas d'accords avec l'analyse de Walkowiak concernant la raison d'être de la Belgique, mais là n'est pas la question. Cependant, il est important de constater que si les organisateurs se défendent de toute connotation politique qui risquerait de les engager, ce n'est pas le cas de l'immense majorité des gens qui entendent bien défiler demain au nom de l'Union et contre l'absurdité nationaliste. Personnellement concernant Shame, j'ai du mal avec la demande de défiler en blanc. C'est là une allusion directe à la Marche Blanche ayant suivi l'affaire Dutroux, ce que je considère comme étant l'appropriation maladroite d'un symbole fort. Ces interrogations quant à la manif de demain sont légitimes. Bien plus en tout cas que celles faussement posées par Libération qui elles ne se basent sur rien, si ce n'est une méconnaissance totale de la Belgique, des Belges et de leurs politiques.

 

Et puis justement, peut-on vraiment prétendre qu'un tel acte est « apolitique »? Apolitique peut-être le fait d'exprimer sa lassitude sans autre revendication claire? Certainement pas. A moins de considérer que toutes les manifestations françaises organisées depuis 2007 au bas mot sont elles aussi apolitiques, vu qu'elles sont également la conséquence directe d'un raz-le-bol généralisé. Au contraire, l'attitude apolitique est celle qui consiste à rester chez soit en n'en ayant rien à foutre, attitude qui par ailleurs est directement responsable du fossé séparant aujourd'hui le citoyen de ses élus. C'est cette même attitude désintéressée qui a permis aux partis traditionnels wallons de mener une politique désastreuse depuis 1970 jusqu'à l'an 2000, car ils ne craignaient plus la sanction des urnes. C'est indirectement l'une des causes de la monté des nationalistes flamands, et en tout cas ce qui leur donne le plus d'eau au moulin aujourd'hui; pointer du doigt la mauvaise gestion passée de la Wallonie n'est-il pas justement ce qu'ils font le mieux pour convaincre des électeurs?

 

En tout cas rien ne justifie un tel mépris de la part de Libération, fût-ce via le blog d'un de ses chroniqueur, mépris annoncé dès le début de l'article sous le titre pompeux « Belgique : le degré zéro de la politique ». Bref, ce qu'il y a de « bêtifiant » pour reprendre le terme de Quatremer, c'est surtout un tel fatras de conneries qui mélange tout et n'importe quoi. Encore une fois, ne pas être d'accords sur la forme de la manifestation (comme c'est mon cas) n'empêche pas d'en dégager deux points remarquables sur le fond: une initiative vis-à-vis de TOUS les Belges, qui montre un raz-le-bol généralisé ressenti par ces dernier.

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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 15:08

 

Non, ce n'est pas le nouveau slogan choc de la N-VA, mais ça pourrait l'être, d'autant plus que ça n'a pas l'air de déranger une part de l'électorat flamand. J'avais déjà mentionné la participation de monsieur De Wever à l'émission phare de la VRT, « de allerslimste mens ter wereld », participation qui avait suscité, c'est le moins qu'on puisse dire, une série de réaction plus ou moins indignées dont celle du Washington Post.

 

Il faut dire que le pays traverse la plus grave crise politique de son histoire, et que quoi qu'il en dise monsieur De Wever en est le principal responsable. Bien entendu, l'intéressé s'en défend, prétendant que ce sont les francophones de Belgique qui refusent d'avancer. Mais pour lui, avancer correspond à accepter le programme de la N-VA, programme dont le premier article est la création d'une république de Flandre indépendante. Devant le refus bien légitime des francophones, De Wever joue les victimes et les incompris. Cela lui permet de gagner du temps. En effet, plus on traine, plus l'exaspération gagne la population et plus il semble que le pays devienne ingouvernable, ce que clame la N-VA depuis des années pour justifier son éclatement. En clair, en provoquant le blocage, ils se donnent eux-mêmes raison. Le fait qu'ils en soient responsables échappe pour l'instant à leurs électeurs, lesquels représentent tout de même 17% de la population belge (30% de la population flamande), et ce alors que même les patrons flamands, soutient traditionnels des nationalistes, leur demandent de conclure, pressés par la situation économique belge qui se dégrade en l'absence d'un gouvernement. Mais cela ne suffit pas à De Wever qui en demande toujours trop, soit-disant dans l'intérêt des Flamands alors qu'à l'heure actuelle, tout le monde souffre.

 

Et pendant ce temps-là, De Wever se pavane dans une émission populaire, sans doute pour démontrer sa grande intelligence en répondant à des questions de « cuculture » comme le notait justement le Post qui soulignait qu'il a  excellé « dans l'identification d'actrices exhibant accidentellement leur poitrine ». Sa participation remarquée lui a cependant permis d'asseoir confortablement sa position en Flandre. Comme quoi, une part de son électorat n'est pas très exigeante. Où est-ce tout simplement que ce nationalisme flamand insensé se développe plus particulièrement chez des personnes singulièrement démunies d'une vision à long terme? C'est possible. Car plus l'ami Bart en rajoute dans les propos chocs et les raccourcis erronés, plus il monte en popularité. Comme quoi, les deux sont peut-être liés...

 

En parlant de propos chocs et pour se défendre de sa participation en période de crise à ce jeu télévisé, De Wever se justifiait auprès du Post en disant je cite « qu'il n'avait rien de mieux à faire ». Et de dire plus tard que les enregistrements ont eu lieu le 30 décembre et le 3 janvier « en pleines vacances de Noël, à un moment où les autres responsables politiques étaient au ski ou mangeaient la dinde. Je n'ai manqué à personne, rue de la Loi ». Oups! Soit il ment pour essayer de tromper son monde, soit effectivement il n'avait rien de mieux à faire à ces dates-là et l'on peut donc se dire qu'il n'en a décidément rien à foutre de l'avenir du pays. Car si je ne connais pas l'emploi du temps des politiques le 30 décembre, je sais au moins une chose concernant le 3 janvier: c'est ce soir-là que Johan Vande Lanotte remettait sa fameuse note synthétisant 2 mois de travail, et qu'il a même eu du mal à la faire parvenir au président de la N-VA. Et pour cause puisse qu'à cette heure-là, celui-ci se trouvait sur les plateaux de la VRT. Et faut-il le rappeler, De Wever a rejeté ladite note dès le lendemain...

 

Bref, il s'agit là encore une fois d'une manipulation de la part d'un homme qui refuse depuis le début d'assumer ses responsabilités. A moins qu'il ne s'agisse d'un aveu dénotant d'une attitude je-m'en-foutiste. Merci Bart, mais nous n'en demandions pas tant: tout cela, nous le savions déjà!

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13 janvier 2011 4 13 /01 /janvier /2011 16:31

Sketch datant de 2005 mais qui finalement s'est avéré avant-gardiste, pour notre plus grand malheur. Il est bon cependant de voir que même en temps de crise, le Belge garde son humour et son sens légendaire de l'auto-dérision.

 

J'aurai l'occasion de revenir plus tard sur le dossier BHV qui, après avoir été pendant des années le symbole même des divergences entre néerlandophones et francophones, après avoir entraîné, de par sa non-résolution la chute du gouvernement Leterme en avril dernier ce qui a provoqué la crise actuelle, est aujourd'hui passé au second plan. Depuis, les nationalistes flamands qui jusque-là cristallisaient leur rhétorique autour de ce point bien précis, sont passés à autre chose comme si ça ne les intéressait plus, et loin de vouloir scinder un simple arrondissement électoral, c'est le pays qu'ils menacent aujourd'hui de diviser.

 

On regrette maintenant le temps où ils se contentaient de nous emmerder avec la périphérie de Bruxelles. Ça nous paraissait ridicule jusqu'à il y a peu, de se prendre la tête pour les droits électoraux et linguistiques de 100 000 habitants, soit 1% de la population belge, et de bloquer l'ensemble du pays pour « si peu ». On se rend compte maintenant que si nous avions pris ce problème à bras le corps plus tôt, nous n'en serions pas là. Au lieu de ça, nous avons laissé la situation s'envenimer, nous sommes restés dans un immobilisme dangereux qui a servi de terreau aux démagogues – et ils sont nombreux – qui prétendaient que la Belgique était ingérable.

 

 

A noter que déjà à l'époque (rappelons qu'en 2005 la N-VA n'était qu'un parti d'arrière plan, qui n'était mis en valeur que de part son cartel avec le CV&V alors bien plus important), Pirette avait cerné le principal paradoxe de ce nationalisme flamand, à savoir son double discours. D'un coté un repli sur soi identitaire, tout en prétendant de l'autre coté s'intégrer à l'Europe et en être même si possible le moteur, et ce alors que l'Europe telle qu'elle se construit gomme les nationalismes, et par-delà les identités régionales.

 

Curieux paradoxe donc de ce nationalisme flamand qui prône une ouverture sur le monde, mais déteste cordialement ses voisins directs du sud qu'il juge à coups d'idées reçues à la limite de la xénophobie. Quant il ne s'agit pas clairement de propos chocs à peine voilés s'étalant dans la presse étrangère. De plus, il est douteux que la Flandre soit accueillie à bras ouverts dans l'Europe, en sachant qu'elle multiplie les actes clairement anti-démocratiques, comme par exemple la non-nomination de trois bourgmestres de la périphérie bruxelloise élus il y a trois ans et que les institutions régionales et communautaires du nord du pays n'ont toujours pas reconnue, sous prétexte qu'ils auraient eu le malheur de s'exprimer en français dans leur commune de la région flamande. Alors que ces mêmes communes sont peuplées de 80% de francophones...

 

Triste Belgique, tu es à plaindre. Et nous avec.

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13 janvier 2011 4 13 /01 /janvier /2011 14:21

 

Une particularité des institutions belges par rapport à celles de l'état français est qu'elles sont qualifiées de monarchie constitutionnelle. Les différences impliquées sont non négligeables, et se remarquent d'autant plus que le pays est pour le moment en face de la plus grave crise politique de son histoire. Je ne vais pas rentrer ici dans les détails d'une description exhaustive du mode de fonctionnement du pays qui est assez complexe (ce sera sans doute le sujet d'un autre article lorsque je reprendrai l'histoire de la Belgique), mais par contre me focaliser sur le rôle joué par le souverain, actuellement Sa Majesté Albert II de Belgique.

 

Ce rôle est en principe protocolaire. Lorsqu'une loi fédérale est rédigée et décidée par les deux chambres (chambre des représentants et sénat), elle doit ensuite être approuvée par le roi. Lorsque celui-ci la signe, le décret qui porte le nom d'arrêté royal est publié dans le Moniteur Belge et la loi en question est dès lors d'application. En réalité, le roi n'a aucune liberté de décision à ce niveau. Sa signature, symbole de son approbation, est purement protocolaire. En effet, s'il refuse de sanctionner une loi qui a été votée, il est dit « en incapacité de régner » et la loi est proclamée malgré tout. Cela ne s'est passé qu'une seule fois dans l'histoire, lors de la loi sur la légalisation de l'avortement que le roi Baudouin refusait reconnaître. Il a alors été démis de ses fonctions pendant 48 heure, en avril 1991.

 

De manière plus anecdotique, le roi a également un rôle de représentation de la Belgique à l'étranger, en particulier en menant des missions commerciales à la tête de délégations d'entrepreneurs belges. S'il ne peut évidemment mener un rôle politique à l'étranger dans la mesure où il n'a pratiquement aucun pouvoir et ne peut donc s'exprimer au nom du gouvernement, sa présence est néanmoins un symbole fort. Ce rôle est également fréquemment tenu par d'autres membres de la famille royale, actuellement le prince héritier Philippe de Belgique. Par le passé, le roi Léopold qui avait été contraint d'abdiquer à la suite de la Seconde Guerre Mondiale avait continué à jouer un rôle important en poursuivant ses visites protocolaires.

 

Mais le rôle le plus important du Roi, celui qui lui donne encore une certaine influence, est de mettre sur pieds les bases des négociations gouvernementales suivants les élections. Il faut se rappeler qu'en Belgique, les élections se font à la proportionnelle, ce qui signifie qu'un parti, à moins d'avoir la majorité absolue (ce qui est impossible vu la division entre néerlandophones et francophones qui ne peuvent voter pour un candidat d'une autre région), ne peut gouverner seul et doit constituer une coalition. Qui dit coalition dit évidemment négociations, et celles-ci peuvent être difficiles comme c'est le cas actuellement. Il est à noter que l'on a déjà vu des gouvernements mélangeant des partis diamétralement opposés. L'avantage de ce système est qu'il permet une certaine sécurité: un parti ne peut passer en force pour imposer l'ensemble de son programme.

 

A l'issu des élections donc, le Roi consulte les différents responsables politiques. Il peut également consulter des représentants des syndicats et des grands patrons. Le but de ces consultations est de dégager des tendances pour voir ce qu'il est possible de faire par la suite. Après avoir jaugé la situation, le roi nomme une personne chargée de consulter à son tour les différents partis pour assembler une majorité et négocier un programme gouvernemental à appliquer durant la législature. En général, si la personne nommée réussit, elle deviendra le premier ministre. Un premier écrémage se fait: la ligne du Palais est de ne jamais recevoir de représentant de l'extrême-droite. La conséquence en est qu'il est impossible qu'un parti comme le Front National ou le Vlaams-Belang ait un jour le pouvoir.

 

En temps de crise et en l'absence d'un gouvernement, le pouvoir du Roi est beaucoup plus impressionnant. C'est lui et lui seul qui peut charger un homme politique de la mise en place d'un gouvernement. C'est auprès de lui qu'une personne chargée d'une mission de négociation doit rendre des comptes. Et à ce niveau, la Constitution lui donne une certaine marge de manœuvre. En effet, en cas de blocage, il peut en pratique désigner n'importe qui, et même plusieurs personnes à la fois, et sous n'importe quelle forme. En clair, il peut alors faire preuve de pragmatisme, l'objectif étant de dégager des solutions. Et depuis le mois de juin, autant dire qu'il a déjà tout essayé: le gagnant francophone des élections (Elio Di Rupo), le gagnant néerlandophone (Bart De Wever), un duo entre deux représentants, l'un flamand, l'autre wallon, un vieux de la vieille membre du parti parti socialiste flamand (Johan Vande Lanotte), un trio (dernière formule retenue) entre ce dernier et les deux vainqueurs déjà cités... Bref, on se demande ce qu'il va encore pouvoir trouver si l'on échoue à nouveau.

 

Durant la crise, il a également une autre influence non négligeable. Il faut savoir que lors de la démission d'un gouvernement, ce qui mène à des élections, le gouvernement démissionnaire poursuit son travail jusqu'à ce qu'un gouvernement normal issu des élections prenne le relais. C'est ce que l'on désigne par gouvernement en affaire courante, ce qui est le cas en Belgique depuis avril dernier. Or, cette notion « d'affaires courantes » est très floue. On peut y inclure n'importe quoi. Et la personne qui décide de ce qui peut être compris dedans n'est autre que le roi. S'il refuse de signer une loi, on ne peut le démettre de ses fonctions, vu que ce n'est pas dans les attributions d'un gouvernement aux pouvoirs réduits. De même, il a récemment demandé au gouvernement démissionnaire de pondre un budget pour 2011. Je n'avais pour ma part jamais lu un communiqué du Palais donnant une quelconque directive au gouvernement... L'une des rares fois où le roi s'est exprimé librement, c'était lors de l'affaire Dutroux pour fustiger le fonctionnement de la Justice. Il avait à l'occasion milité pour la création de l'organisme Child Focus, lequel a depuis essaimé au niveau européen. Il est à noter que le Palais est le seul à être sorti grandit lors des divers scandales liés à ce qui demeure aujourd'hui la plus grande honte de l'histoire du pays...

 

Ce n'est pas un hasard si le roi a été désigné Belge de l'année 2010 avec une très large avance auprès du public francophone. Il est évident qu'il n'aurait sans doute pas obtenu un score aussi élevé en Flandre, cependant et sachant que nombre de flamands restent des modérés responsables, il y a fort à parier que le roi aurait également obtenu un score tout à fait honorable chez nos voisins du nord du pays.

 

Mais par dessus tout cela, le Roi EST la nation. Le symbole de l'indivisibilité de la Belgique. Et ce n'est pas un hasard si les nationalistes flamands souhaitent restreindre ses pouvoirs déjà réduits ou si les rattachistes wallons (des cinglés proches du FN français prétendant que la Wallonie revient à la France, nonobstant qu'à peine 1% de la population wallonne partage leurs vues) contestent sa légitimité en tant que souverain, n'hésitant pas à réécrire l'histoire de la fondation du Royaume pour asseoir leurs propos. Pas un hasard non plus si certains Flamands s'en prennent à son fils, dénigrant ses qualités avant même qu'il ne succède à son père. Car tant que le Roi est, la Belgique demeurera, et il s'agit d'un obstacle fort sur la route des indépendantistes et autres extrémistes flamands.

 

Voilà pourquoi, aujourd'hui plus que jamais, la Monarchie doit être préservée dans l'intérêt de tous.

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12 janvier 2011 3 12 /01 /janvier /2011 20:35

 

On savait déjà que le ridicule ne tuait pas, et tant mieux sinon nous serions tous passés à la trappe depuis longtemps, et notre beau pays en premier, du moins si l'on s'en tient à certaines de ses institutions, et non des moindre. J'ai déjà abordé divers problèmes se rapportant à la justice et à son application parfois toute relative, à tel point que l'on peut parfois se demander quelle logique régit son mode de fonctionnement. Bon d'accords, le surréalisme est une caractéristique bien de chez nous, mais ce n'est pas une raison pour en faire de trop...

 

Si le ridicule ne tue pas, les coups de couteau eux peuvent le faire. Et ça a été le cas à Bruxelles le 23 juillet 2008, lorsque qu'une bagarre entre deux bandes de rue a dégénéré. L'un des jeunes présents sur place a en effet été froidement égorgé par un autre, lequel a été arrêté après une enquête rondement menée... avant d'être relâché récemment. La raison en a été un délais trop long depuis son interpellation, la période entre une arrestation et un jugement devant être « raisonnable » selon l'avocat de l'accusé. Or, les cours d'assise étant débordée, ce délais a été dépassé et l'individu a été remis en liberté. Ce délais trop long étant lui-même dû à l'encombrement chronique des cours d'assise (et plus généralement de tous les tribunaux) qui se trouvent débordées.

 

J'ai déjà eu l'occasion de souligner le travail remarquable qui était réalisé par la police belge malgré un manque de moyen flagrant, ce qui n'empêche pas de voir ce travail assez souvent saboté par une justice qui elle aussi manque de moyen, quand ce ne sont pas d'autres raisons purement administratives qui sont invoquées comme justificatif. Ainsi, quantité de jugements ont été foutus en l'air – et je pèse mes mots – avec comme motif un vice de forme ou un vice de procédure, que ce soit durant le procès ou pendant l'enquête ayant mené à l'arrestation d'un suspect.

 

Evidemment, les conséquences sont non négligeables: d'une part une frustration bien compréhensible de la part des forces de l'ordre, qui se sentent fréquemment lâchées à juste titre, en particulier lorsque des personnes interpellées puis relâchées viennent se pavaner le soir même devant un commissariat. D'autre part un sentiment d'impunité qui se développe chez des coupables trop vite relâchés, et ce d'autant plus s'il s'agit de délinquants juvéniles qui en l'absence d'un signal fort et opportun risquent de devenir par la suite indécrottables. Enfin, cette situation permet à certains partis politiques d'axer leur discours sur une dérive sécuritaire flirtant avec le populisme.

 

Et au lien de trouver des solutions, on se renvoie la balle, comme c'est de coutume. Il faudrait, selon le Conseil Supérieur de la Justice, dédoubler les cours d'assise sur Bruxelles, ce qui implique de nommer de nouveaux magistrats. Or, pour se faire, il faut un nouveau gouvernement, ce qui n'arrivera pas de si tôt malheureusement.

 

Il est grand temps d'agir car, est-il nécessaire de le rappeler, la justice est l'un des piliers de nos démocraties modernes et laïques. L'absence d'institutions judiciaires efficaces est la porte ouverte à tous les excès, et ce à tous les niveaux de la société. Ce qui n'augure rien de bon pour l'avenir...

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10 janvier 2011 1 10 /01 /janvier /2011 13:46

 

Ils arrivent. Qui me direz-vous? Les rapaces, les corbeaux et autres chacals se délectant d'une proie mourante pour lui donner le coup de grâce que sont les spéculateurs. Aujourd'hui, une première nouvelle réellement inquiétante est tombée: pour la première fois de son histoire, la Belgique a fait son entrée en grande pompe dans le top 20 des pays dont la situation financière est jugée risquée. La faute à qui? A l'instabilité politique chronique dont souffre notre pays depuis le mois d'avril dernier.

 

Ce n'est pas comme si c'était une surprise. En décembre, les investisseurs prévenaient: ils nous laissaient 6 mois avant de dégrader notre note sur les marchés boursiers. La semaine dernière, lors du rejet de la note de Johan Vande Lanotte, le taux d'intérêt sur l'emprunt de la Belgique a tout de suite commencé à grimper. Légèrement et doucement, certes, de manière à peine perceptible, mais tout de même il s'agissait de la première manifestation, si besoin était, que nous nous trouvons sous une épée de Damoclès qui menace à tout moment de s'abattre, tel un couperet, sur nos têtes. Autant le dire, ça devient inquiétant. Il y a de plus en plus de signes que les marchés, en quête d'une nouvelle victime après avoir saigné à blanc l'Espagne, la Grèce ou l'Irlande, risquent de se tourner vers la Belgique. Est-elle vraiment « l'homme malade de l'Europe » comme le disait justement monsieur De Wever lors d'une interview polémique donnée à un journal allemand? Finalement, ça se pourrait bien. Mais si tel est le cas, il ne devrait pas oublier qu'il en est l'instigateur.

 

Jusqu'où cet homme ira-t-il? Sa stratégie de blocage, payante en politique car elle démontre que le pays est comme il l'a toujours répété devenu ingouvernable se doublera-t-elle d'un chantage économique pour mettre à genou les autres négociateurs, et pousser les francophones à accepter des exigences de plus en plus intolérables de la part de la N-VA? Il ne se rend donc pas compte que les Flamands, dont il prétend défendre les intérêts, vont en souffrir autant sinon plus que les Wallons? Que fera-t-il d'une république flamande qui héritera d'une bonne part de la dette belge et sera alors une cible de choix pour les spéculateurs? Ça lui fera une belle jambe alors d'avoir obtenu son autonomie, s'il dépend du reste de l'Europe pour éviter l'asphyxie économique vers laquelle il se dirige. A ce moment-là, il ne pourra plus désigner les Wallons comme boucs émissaires...

 

En attendant, de plus en plus de Belges commencent à exprimer leur lassitude. Et ça se comprend largement. Pour ma part, j'étais fier, mes 18 ans venus, de pouvoir exercer mon devoir citoyen qui consiste à mettre mon bulletin de vote dans l'urne. Pour moi, le fait de rendre le vote obligatoire en Belgique a toujours coulé de source. Je pars du principe que des gens étant morts (et mourant encore à l'heure actuelle dans le monde) pour ce simple droit, il est absolument intolérable de rester assis le cul sur sa chaise le jour des élections. On revendique, et c'est parfaitement légitime, divers droits, mais il ne faut pas oublier que cela implique de notre part des devoirs qui vont de paire. Ceci dit, les politiciens que nous désignons pour nous représenter ont eux-aussi leurs devoirs à accomplir. Ils ont des comptes à rendre ailleurs que dans les urnes. Or, j'ai de plus en plus l'impression -et je ne suis pas le seul dans ce cas- qu'à l'heure actuelle certains parmi eux en viennent à oublier cette évidence. Je pourrais penser à la N-VA bien sûr, ce parti de traîtres à leur pays et dont la stratégie post-électorale est contre-productive et potentiellement désastreuse. Mais je pense également au CD&V qui ne bloque pas les négociations par idéologie, mais pour récupérer une partie de l'électorat flamingant, ce qui est d'un démagogisme répugnant.

 

Mais comme je le disais, l'énervement commence à être perceptible au sein de la population. Ainsi, une manifestation ou plutôt une marche blanche est prévue ce 23 janvier à Bruxelles. Je note qu'il est dommage qu'elle tombe en pleine session d'examens de l'enseignement supérieur, ce qui empêchera à coup sûr bon nombre d'étudiant de se joindre au mouvement. Il est à noter que la marche blanche a une symbolique toute particulière en Belgique: elle rappelle ce qui fut pour beaucoup le plus choquant de son histoire moderne, à savoir l'affaire Dutroux. Ce n'est évidemment pas tout. Ainsi, on peut épingler cette vidéo indignée d'un citoyen flamand qui fait le buzz sur le net,et fait suite à une déclaration d'un sénateur CD&V, Rik Torfs, disant que « l'on devait réfléchir calmement à une façon d'entamer les choses ». Ce citoyen garde cependant un certain humour, comme c'est de tradition chez nous. Mais son rapprochement entre la Belgique et une république bananière commence à taper dans le vrai, et ça c'est tout sauf drôle. D'autres réactions fleurissent également sur divers blogs tous plus populaires les uns que les autres, comme celui de Marie Véja, traitant de la situation avec humour, ou encore celui de Thibaudd, repris dans La Libre Belgique.

 

On est au moins certain d'une chose, aujourd'hui les Belges sont encore unis face à la connerie de ces irresponsables, pour ceux qui, à l'image d'un De Wever, osent nier l'existence du peuple belge. Le jour où ils devront passer à l'addition devant ce même peuple qu'ils continuent à prendre pour des cons n'est peut-être plus aussi éloigné que ce que l'on aurait pu croire jusque tout récemment. Avant que ce ne soit le pays lui-même qui passe à la caisse, avant de passer à la trappe.

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