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10 janvier 2011 1 10 /01 /janvier /2011 13:46

 

Ils arrivent. Qui me direz-vous? Les rapaces, les corbeaux et autres chacals se délectant d'une proie mourante pour lui donner le coup de grâce que sont les spéculateurs. Aujourd'hui, une première nouvelle réellement inquiétante est tombée: pour la première fois de son histoire, la Belgique a fait son entrée en grande pompe dans le top 20 des pays dont la situation financière est jugée risquée. La faute à qui? A l'instabilité politique chronique dont souffre notre pays depuis le mois d'avril dernier.

 

Ce n'est pas comme si c'était une surprise. En décembre, les investisseurs prévenaient: ils nous laissaient 6 mois avant de dégrader notre note sur les marchés boursiers. La semaine dernière, lors du rejet de la note de Johan Vande Lanotte, le taux d'intérêt sur l'emprunt de la Belgique a tout de suite commencé à grimper. Légèrement et doucement, certes, de manière à peine perceptible, mais tout de même il s'agissait de la première manifestation, si besoin était, que nous nous trouvons sous une épée de Damoclès qui menace à tout moment de s'abattre, tel un couperet, sur nos têtes. Autant le dire, ça devient inquiétant. Il y a de plus en plus de signes que les marchés, en quête d'une nouvelle victime après avoir saigné à blanc l'Espagne, la Grèce ou l'Irlande, risquent de se tourner vers la Belgique. Est-elle vraiment « l'homme malade de l'Europe » comme le disait justement monsieur De Wever lors d'une interview polémique donnée à un journal allemand? Finalement, ça se pourrait bien. Mais si tel est le cas, il ne devrait pas oublier qu'il en est l'instigateur.

 

Jusqu'où cet homme ira-t-il? Sa stratégie de blocage, payante en politique car elle démontre que le pays est comme il l'a toujours répété devenu ingouvernable se doublera-t-elle d'un chantage économique pour mettre à genou les autres négociateurs, et pousser les francophones à accepter des exigences de plus en plus intolérables de la part de la N-VA? Il ne se rend donc pas compte que les Flamands, dont il prétend défendre les intérêts, vont en souffrir autant sinon plus que les Wallons? Que fera-t-il d'une république flamande qui héritera d'une bonne part de la dette belge et sera alors une cible de choix pour les spéculateurs? Ça lui fera une belle jambe alors d'avoir obtenu son autonomie, s'il dépend du reste de l'Europe pour éviter l'asphyxie économique vers laquelle il se dirige. A ce moment-là, il ne pourra plus désigner les Wallons comme boucs émissaires...

 

En attendant, de plus en plus de Belges commencent à exprimer leur lassitude. Et ça se comprend largement. Pour ma part, j'étais fier, mes 18 ans venus, de pouvoir exercer mon devoir citoyen qui consiste à mettre mon bulletin de vote dans l'urne. Pour moi, le fait de rendre le vote obligatoire en Belgique a toujours coulé de source. Je pars du principe que des gens étant morts (et mourant encore à l'heure actuelle dans le monde) pour ce simple droit, il est absolument intolérable de rester assis le cul sur sa chaise le jour des élections. On revendique, et c'est parfaitement légitime, divers droits, mais il ne faut pas oublier que cela implique de notre part des devoirs qui vont de paire. Ceci dit, les politiciens que nous désignons pour nous représenter ont eux-aussi leurs devoirs à accomplir. Ils ont des comptes à rendre ailleurs que dans les urnes. Or, j'ai de plus en plus l'impression -et je ne suis pas le seul dans ce cas- qu'à l'heure actuelle certains parmi eux en viennent à oublier cette évidence. Je pourrais penser à la N-VA bien sûr, ce parti de traîtres à leur pays et dont la stratégie post-électorale est contre-productive et potentiellement désastreuse. Mais je pense également au CD&V qui ne bloque pas les négociations par idéologie, mais pour récupérer une partie de l'électorat flamingant, ce qui est d'un démagogisme répugnant.

 

Mais comme je le disais, l'énervement commence à être perceptible au sein de la population. Ainsi, une manifestation ou plutôt une marche blanche est prévue ce 23 janvier à Bruxelles. Je note qu'il est dommage qu'elle tombe en pleine session d'examens de l'enseignement supérieur, ce qui empêchera à coup sûr bon nombre d'étudiant de se joindre au mouvement. Il est à noter que la marche blanche a une symbolique toute particulière en Belgique: elle rappelle ce qui fut pour beaucoup le plus choquant de son histoire moderne, à savoir l'affaire Dutroux. Ce n'est évidemment pas tout. Ainsi, on peut épingler cette vidéo indignée d'un citoyen flamand qui fait le buzz sur le net,et fait suite à une déclaration d'un sénateur CD&V, Rik Torfs, disant que « l'on devait réfléchir calmement à une façon d'entamer les choses ». Ce citoyen garde cependant un certain humour, comme c'est de tradition chez nous. Mais son rapprochement entre la Belgique et une république bananière commence à taper dans le vrai, et ça c'est tout sauf drôle. D'autres réactions fleurissent également sur divers blogs tous plus populaires les uns que les autres, comme celui de Marie Véja, traitant de la situation avec humour, ou encore celui de Thibaudd, repris dans La Libre Belgique.

 

On est au moins certain d'une chose, aujourd'hui les Belges sont encore unis face à la connerie de ces irresponsables, pour ceux qui, à l'image d'un De Wever, osent nier l'existence du peuple belge. Le jour où ils devront passer à l'addition devant ce même peuple qu'ils continuent à prendre pour des cons n'est peut-être plus aussi éloigné que ce que l'on aurait pu croire jusque tout récemment. Avant que ce ne soit le pays lui-même qui passe à la caisse, avant de passer à la trappe.

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commentaires

O
<br /> <br /> C'est plutôt juste... à un détail près ! L'instabilité politique ne date pas d'avril dernier mais de bien avant ! Disons que cette instabilité a éclaté au grand jour, aux yeux des observateurs<br /> internationaux, après les élections de 2007. Faut-il rappeler qu'il avait déja fallut 192 jours, à cette époque, pour mettre un gouvernement en place. Et quel gouvernement ! Celui d'un terne<br /> Leterme qui avait démissionné quelques semaines plus tard... La Belgique est bien malade de sa politique de minables !<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Alors à ce rythme, on peut dire que le pays est instable depuis au bas mot 40 ans! Ce qui n'est pas tout à fait inexact, il faut bien l'avouer. Une question intéressante serait "la faute à qui?"<br /> A la montée d'une identité flamande à part entière que l'on n'a pas réussit à cerner et à comprendre à temps? A une série de réformes incomplètes qui n'ont été qu'une succession de pis-allers? A<br /> une mauvaise gestion archaïque de la Wallonie pendant des décennies?  Ou à des différences plus profondes liées à l'histoire socio-économique de notre beau pays? Sans doute un peu de tout...<br /> <br /> <br /> Je maintiens quand même que le chaos actuel date d'avril, car jusqu'alors on avait l'espoir de pouvoir déboucher sur quelque chose au niveau de BHV. Il ne faut pas oublier que le responsable de<br /> la chute du gouvernement est Alexander de Croo, jeune loup avide de se faire les crocs. On est en droit de se demander ce qu'il se serait passé si seulement...  Sans doute les nationalistes<br /> auraient trouvé autre chose comme prétexte, mais peut-être pas. Mais je crains fort que cela ne serve plus à rien. Il faut maintenant aller de l'avant, ce que manifestement certains politiques<br /> n'ont toujours pas compris.<br /> <br /> <br /> <br />