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4 décembre 2010 6 04 /12 /décembre /2010 15:29

 

Cette fois-ci, c'est officiel. Un terroriste tchétchène qui avait l'intention de faire exploser un train en Belgique vient d'être arrêté en Autriche, information confirmée par les autorités compétentes, et ce dans le cadre du démentellement récent d'un réseau islamiste à Anvers. Il apparaitrait que le réseau en question serait lié au groupe Sharia4Belgium, qui avait créé le buzz il y a quelques mois sur internet. Retour sur un phénomène inquiétant et bien réel.

 

Sharia4Belgium est un groupe salafiste (autrement dit islamiste ultra-radical, dangereux et lié de près ou de loin à des mouvances terroristes) qui s'était fait remarquer il y a quelques mois en publiant sur internet des propos plus que polémiques. Voyez plutôt: « La démocratie, c’est koufar [impie], si tu votes, tu n’es plus musulman. La démocratie n’a rien à voir avec l’islam ; la démocratie, ce sont les peuples qui décident des lois, alors que les lois sont déjà créées par Allah, on ne peut pas les changer pour la démocratie. Nous, les musulmans, disons que seul Allah doit être obéi, seul Allah doit être suivi. Nous, on ne dit pas : « S’il vous plaît, laissez-nous porter le voile, laissez-nous porter le niqab, non, on ne dit pas ça » ; nous, on porte le voile, on porte le niqab, et on vous dit : « préparez-vous à déménager, parce que les musulmans sont venus ici pour rester, et l’islam est venu ici pour dominer », donc ces gens-là qui veulent interdire le niqab, c’est très simple, et mes frères et sœurs musulmanes doivent comprendre ça, qu’ils partent dans un autre pays où il n’y a pas le niqab, mais c’est dur de trouver ce pays là, parce que les musulmans sont partout. Nous sommes ici pour rester, et Inch’Allah, on va conquérir ce pays-là, on va faire de la Belgique un Etat islamique, et Inch’Allah, on va partir de la Belgique jusqu’en Palestine, pour libérer nos frères, et de là, on va partir sur l’ensemble des terres pour conquérir et faire triompher l’islam. Les musulmans doivent comprendre ça, ils ne doivent pas avoir l’idée qu’il faille demander à ces gens-là la permission, avec politesse, Allah nous a donné la Vérité ».

 

Pas mal non? Moi je me demande, comment au nom de la liberté d'expression, on peut laisser dire ce genre de conneries. Certes, cela ne représente pas l'opinion de la majorité des musulmans, loin de là, mais il est clair que dans le climat actuel de crise sociale doublée d'une crise identitaire, ça ne sert qu'à jeter de l'huile sur le feu et amplifier les tensions. Inutile de préciser que c'est du pain béni pour les populistes en tout genre, et que les premières victimes en sont les musulmans eux-mêmes (du moins les modérés). Ce qui devient inquiétant, c'est l'écho croissant qui est apporté à ces salopards. Quand on sait que près d'un tiers de la population bruxelloise est musulmane, en particulier dans les couches « socialement défavorisées », on a de quoi se dire que ça commence à représenter une force non négligeable. Qui plus est lorsque ces mêmes inégalités génèrent forcément un sentiment de frustration logique pouvant en pousser certains à se tourner vers des idées plus radicales. Un terreau idéal pour les extrémistes en tout genre, et qui fait le bonheur des groupes salafistes.

 

Alors quelle est la réaction à avoir face à cela? Je ne suis pour ma part pas partisan de la politique de l'autruche, ou du politiquement correct qui empêche de dire qu'il y a un problème. Je suis persuadé que ce n'est pas la dénonciation dudit problème qui est dangereuse, mais l'exploitation potentiellement populiste que l'on en fait. Je ne trouve pas normal par exemple qu'il faille taire le fait que 80% de la population carcérale de Belgique est musulmane. Je ne trouve pas normal le fait qu'il faille continuer à faire comme si ces groupes extrémistes n'existaient pas ou étaient marginaux. Je ne trouve pas normal le fait qu'il est aujourd'hui politiquement incorrect de signaler que pas mal de musulmans sont tout aussi racistes que les méchants blancs dont ils se plaignent. Je ne trouve pas normal le fait qu'au nom de l'ouverture nous devrions nous montrer plus tolérants que certaines personnes demandant l'asile mais incapables de faire le moindre effort d'intégration. Il y a là un problème, et ça ne fait pas de mal de le dire. Je ne fustige personne en le faisant. On peut interpréter différemment les causes de ce problème, mais le nier en bloc est ridicule, et dangereux.

 

Aujourd'hui, on dit que tout est de la faute de la société, que c'est elle qui est à blâmer parce que c'est elle qui, en refusant soit-disant le changement, interdit toute forme d'ouverture vers l'autre. C'est elle qui, en générant des inégalités, entraîne la frustration menant à la haine. Sans être totalement fausse, cette vision réductrice et bien pensante oublie de dire que s'il n'y a pas à la base, de la part de l'immigré, un effort d'intégration, une volonté réelle de s'adapter, on ne peut pas faire de miracle à sa place. Je comprends que des gens restent attachés à leur culture. Mais cela ne les empêche en rien d'apprendre la langue par exemple. L'intégration nécessite une relation de confiance, laquelle ne peut s'établir sans efforts d'un coté comme de l'autre. On ne peut à la fois se vanter de ses différences, les mettre en avant, s'identifier même à travers ces différences, refuser obstinément la moindre concession, et prétendre ensuite ne pas être jugés selon ces différences tant mises en avant. Ce serait vouloir avoir le beurre et l'argent du beurre. Beaucoup de musulmans font des efforts, c'est indéniable. Je le vois à l'université, où certains de mes contacts les plus proches sont eux-mêmes musulmans, et bizarrement il n'est pas rare que l'un ou l'autre d'entre eux, dans une discussion, déplore je cite « le manque d'ouverture de leurs coreligionnaires ». Et ce n'est pas avec eux qu'il y a un problème, mais avec cette minorité (malheureusement de plus en plus importante) qui refuse au nom de l'islam le moindre effort. C'est là la preuve que la société n'est pas à culpabiliser dans son ensemble, car si pas mal d'entre eux y parviennent en faisant un travail sur eux-mêmes, je ne vois pas pourquoi les autres n'en seraient pas capables. Et il est à noter que d'une part, ce travail ne les empêche en rien de vivre leur foi et d'autre part, se faisant ils ne renient en rien leur culture et leurs origines.

 

A force de refuser de voir les choses en face, c'est à dire à force de continuer de prétendre qu'il n'y a aucun problème entre une part de l'islam et la laïcité inhérente à notre société, on finira par se trouver face à une situation que l'on aura laissé croître jusqu'à ce qu'elle échappe à tout contrôle. Et là, la réaction sera extrême et dangereuse pour tout le monde. Car il est clair qu'un groupe comme sharia4Belgium, refusant les fondements même de notre pays, à savoir laïcité et démocratie, ne peut qu'entraîner une réaction violente à plus ou moins long terme à son encontre.

 

Et qu'en est-il des terroristes arrêtés? Deux d'entre eux vont déjà être relâchés pour vice de forme et/ou vice de procédure. Il est à noter que ce réseau était pisté depuis trois ans, et qu'un des policiers était même parvenu à l'infiltrer. Ces gens-là sont coupables. Ce ne sont pas sur des suspicions qu'ils ont été pris, mais bien après une enquête longue et minutieuse dont les conclusions sont accablantes et indéniables. Ils représentent une menace bien réelle pour la société, et il y a fort à parier qu'il est impossible qu'ils puisse s'insérer un jour, tant leurs idées sont ancrées profondément en eux. Mais encore une fois, une procédure bureaucratique tatillonne vient foutre en l'air contre toute logique une enquête rondement menée, et en désavouant au passage le travail remarquable de la police. Une fois de plus.

 

Les perspectives sont sombres. En continuant comme nous sommes entrain de le faire, à savoir en cachant notre tête sous le bras, on n'enlève en rien un problème bien réel. Non, on se contente juste de le laisser se développer tout en se persuadant du contraire. Et il continuera à enfler jusqu'à ce qu'il nous pète à la gueule, et là, je nous souhaite déjà bonne merde.

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25 novembre 2010 4 25 /11 /novembre /2010 23:24

 

Enfin l'on en parle, sans trop utiliser de mots masqués et de demie-mesures. Un nouveau rebondissement en Turquie, après la liste des récents évènements dont j'ai déjà parlés.

 

Il s'agit cette fois de la suspension de nombreux militaires, près de 200 parmi lesquels 3 généraux, qui ont été arrêtés pour la préparation supposée d'un coup d'état en 2003 visant à renverser le gouvernement. On pourrait bien entendu se dire que c'est une bonne chose, dans la mesure où un complot fomenté par l'armée fini quasi inexorablement par un gouvernement pour le moins conservateur, limitant les libertés en exerçant un pouvoir totalitaire, mais on parle ici de la Turquie, laquelle a ses particularités en la matière.

 

En effet, si les coups d'états ne sont pas rares dans ce pays (4 depuis 1950...), le peuple a rarement à s'en plaindre, que du contraire. Il s'agit la plupart du temps d'une réaction à une prise de pouvoir par des islamistes, lesquels sont alors renversés par l'armée, véritable gardienne de la laïcité. Par ailleurs, l'armée est en général largement soutenue par les milieux intellectuels du pays. Disons qu'il s'agit d'une sorte de contrepoids nécessaire à l'établissement d'un certain équilibre en Turquie. Malheureusement, les choses sont entrain de changer.

 

On s'en souvient, le gouvernement a récemment fait avancer des projets visant à réduire les pouvoirs de l'armée. Il s'agit ni plus ni moins de l'élimination « douce » d'une potentielle force d'opposition; or, connaissant le relatif extrémisme du parti au pouvoir, l'AKP, l'affaiblissement de ses opposants n'est certainement pas un motif de réjouissance.

 

Dans l'article, on dit que les militaires concernés projetaient de déstabiliser le pays par des attentats agrémentés de tensions avec la Grèce, lesquelles auraient justifié une prise de pouvoir. Qu'en est-il réellement? Mystère. Entre les suppositions et la propagande gouvernementale, où se trouve la vérité, je n'en sais rien. Ceci dit, en prenant cela avec du recul, on ne peut s'empêcher de penser qu'il s'agit d'une étape supplémentaire dans la prise de contrôle du pays par des islamistes, en écartant simplement les opposants, pour des motifs réels... ou non. Bizarrement, les journalistes commencent à s'en rendre compte... Personnellement, c'est pas nouveau. Quantité de faits tendent à démontrer cet état des choses depuis un certain temps.

 

Et c'est ce pays que certain, par pur utopie, quand ce n'est pas par opportunisme politique, veulent faire entrer dans l'Europe?

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9 novembre 2010 2 09 /11 /novembre /2010 18:55

 

Aujourd'hui 9/11 vient d'être publié un rapport de la Commission Européenne particulièrement critique à l'égard de la Turquie. Est pointé du doigt en premier lieu le problème lié à l'occupation illégale (doux euphémisme) de l'île de Chypre par la Turquie, qui pour rappel remonte à 1974. j'avais oublié d'en parler dans mes précédents articles, mais cette occupation a en pratique coupée l'île en deux, après l'invasion de la partie nord par la Turquie qui a proclamé unilatéralement la création d'une « République turque de Chypre du Nord », laquelle n'est absolument pas reconnue par la communauté internationale.

 

Parmi les divers problèmes sont mis en avant la liberté religieuse honteusement et régulièrement bafouée, les manquements aux droits de la femme, et bien entendu la liberté d'expression « à la turque » qui n'est que relative, comme le prouvent par exemple les sanctions à l'égard de quiconque ose parler de génocide arménien en Turquie. On soulignera également le soutient vis-à-vis du régime d'Amadinejad en Iran, ainsi que les relations depuis quelque temps houleuses avec Israël, crise cristallisée en mai dernier par l'abordage de la flottille de Gaza par Tsahal. Or et pour rappel, il apparaît aujourd'hui que le gouvernement turc est en partie responsable de la présence à bord du Navi Marmara de membres de l'IHH, ces-derniers étant à l'origine des incidents.

 

Concernant Chypre, sans aucun doute le plus gros obstacle à une adhésion de la Turquie à l'Union, le rapport souligne les blocages diplomatiques turcs sur des points pourtant essentiels. Par exemple, la Turquie ne reconnaît toujours pas Chypre, alors que cette dernière est membre de l'Union depuis 6 ans. On se demande comment dès lors les Turcs pourraient faire partie d'une Union dont ils ne reconnaissent même pas tous les membres...

 

Bruxelles salue cependant le récent référendum visant à une révision de certaines institutions turques, cependant j'ai déjà dit ce que j'en pensais, à savoir qu'il s'agit d'un leurre ayant l'apparence d'une avancée démocratique, mais qui en pratique vise à mettre à bas l'un des seuls garde-fou existant pouvant protéger au moins en partie la laïcité en évitant une islamisation à outrance des institutions turques.

 

La Commission tient à rappeler l'importance d'une coopération notamment économique avec la Turquie. On ne peut le nier. Cependant, l'Europe ne se résume pas à une politique économique, mais consiste également en une culture, et à un caractère laïque, choses que nous n'avons pas, et n'aurons sans doute jamais en commun avec la Turquie. Cela, l'Allemagne, l'Autriche, la France et une grosse partie de la population européenne en sont bien conscientes.

 

Un point important soulevé par Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman sur l'Europe: le fait pour les Turcs de bloquer des négociations qui forment une condition essentielle à leur adhésion, entraîne évidemment le rejet de celle-ci. Cela permet ensuite au gouvernement, de plus en plus radical (pour ne pas dire islamiste) de se poser en victime du rejet d'autrui, et de se faire passer pour une pauvre victime d'une hypothétique intolérance que nous aurions à leur égard. Cela a pour effet de faciliter la radicalisation d'une population se sentant frustrée et rejetée. Bref, en refusant toute négociation, le gouvernement turc favorise certainement la montée d'idées islamistes en Turquie en inversant les rôles et en faisant croire que l'échec de leur adhésion est due à une certaine islamophobie européenne.

 

Qui a dit que la Turquie était un modèle de laïcité parmi les pays à majorité musulmane, prête à entrer dans l'Europe?

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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 15:51

 

Comme cité en début d'article précédant, le Conseil de l'enseignement supérieur vient de remettre un avis disant qu'aucun élève ne pourrait plus être exclu d'un cours en fonction de son habillement. La beauté de la chose, c'est que cela succède au renvoi d'un élève qui portait une casquette, le voile islamique n'est donc pas directement concerné dans ce cas-ci (même si pour l'étudiant concerné, le port de la casquette servait d'alternative au port du voile, lequel est fermement interdit. En apparence, la question du voile n'est donc pas au premier plan). Cependant, cela crée un précédant fâcheux. Et personne n'est dupe: le Conseil en question est dominé par le parti turc actuellement au pouvoir, le parti De la justice et du développement (l'AKP), qui n'est autre qu'un parti conservateur islamique. Bref, pas des enfants de cœur. Tolé parmi les recteurs d'université, qui sont pratiquement tous de fervents laïques ayant mené un combat pour que le port du voile soit interdit dans l'enseignement public. Il est clair qu'un bras de fer est engagé, et qu'à terme cela devrait déboucher sur un compromis. Pour l'instant, cet arrêt n'est que théorique, et n'est pas suivi d'effet en pratique, grâce à cette résistance de la part des unifs. Mais à coup sûr, le Parti n'en restera pas là, et finira par imposer sa volonté. Et les universités servent de barrage: étant des instances d'élite, hauts-lieux du savoir, véritable pouvoir non négligeable, ce sont elles qui sont les plus à même de s'opposer au gouvernement. Si elles cèdent, l'effet sera catastrophique, car dès lors rien n'empêchera plus le port du voile dans les lycées et dans l'ensemble de la fonction publique.

 

Le parti au pouvoir n'est pas un tendre. Il ne fait pas dans la dentelle, et n'hésite pas à prendre des décisions radicales avec d'absurdes arguments. Ainsi, selon cet article, et au nom de la modernité, le cite antique d'Allianoï va être englouti prochainement lors de la construction d'un barrage. Comme d'habitude, la propagande gouvernementale s'est activée: le ministre de l'environnement Veysel Eroglu a lui-même dit « Allianoï n'existe pas, c'est une invention (...) Il y a juste une source chaude, comme on en trouve dans toute la Turquie ». Encore une fois, du beau négationnisme comme on les aime. Pour en rajouter une couche, on enfuit le site avant la monté des eaux pour le « préserver » (sic!) dans le but d'une redécouverte ultérieure (re-sic!). Une telle politique n'est pas sans rappeler la destruction par les Talibans des fameux bouddhas géants...

 

Si le parti est radical, il se distingue également par ses amis, bien peu recommandables. Citons parmi-eux l'IHH, une organisation « humanitaire » (islamique) turque, présente un peu partout pour « secourir » des musulmans se trouvant dans des zones plus ou moins sinistrées, en autre par la guerre, comme la Tchétchénie ou l'ex-Yougoslavie. Selon divers rapports, l'IHH est en fait impliquée dans le recrutement et la mise sur pieds de réseaux de « combattants djihadistes », terme politiquement correcte pour qualifier des terroristes musulmans. A noter entre parenthèse qu'Al-Qaïda, à la base, n'était autre qu'une sorte d'association « humanitaire » assistant les populations concernées par la guerre d'Afghanistan. On sait aujourd'hui ce qu'il en est... Les deux associations auraient d'ailleurs été en contact, mais je tiens à dire que personnellement je n'irai pas jusque-là. La thèse d'Al-Qaïda, « super-pieuvre » du terrorisme à l'échelle mondiale ne m'a jamais totalement convaincue, même si je n'irais certainement pas jusqu'à remettre en question leurs multiples actions répugnantes. Quoi qu'il en soit, et quels qu'ait pu être les fondements réels à ces allégations, il est une chose certaine: l'IHH est directement responsable des incidents liés à l'arraisonnement des navires de la flottille « Free Gaza » en mai dernier, avec les conséquences que l'on sait. Ce sont ces hommes (40 membres de l'IHH) qui ont agressé les soldats israéliens, entraînant la riposte violente à laquelle nous avons assisté. Et qui en a gagné quelque chose? Les islamistes bien sûr, qui sont passés pour des martyrs et ont réussi à isoler plus que jamais Israël sur la scène internationale. Mais aussi le gouvernement turc, qui en a profité pour dans la foulée annuler divers accords et alliances avec ce même état d'Israël, accords pour le moins gênants politiquement pour un gouvernement ouvertement islamiste. Bref, d'une pierre deux coups. Tiens, et qui a permis à (et même poussé) l'IHH de participer à Free Gaza? Le gouvernement turc d'Erdogan. Tiens donc, le monde est petit... A noter une curieuse anecdote, mais qui montre à quel point la Turquie fais de grand pas vers un retour dans le passé. L'IHH intervenait en Turquie sur divers tremblements de terre, et des tensions sont alors apparues lorsque l'organisation refusait de laisser le gouvernement turc de l'époque jetter un œil à ses activités, à la suite de quoi il a été interdit à l'IHH d'intervenir à l'avenir sur une catastrophe sur le sol national. Curieux que l'on reparte maintenant en arrière...

 

Enfin, un dernier point potentiellement grave dans la mesure où il a été salué à l'échelon international, est le récent référendum portant sur un projet de révision de la constitution visant à réduire le pouvoir de l'armée et de diverses institutions laïques, et ce au profit de gouvernement. Cette réforme a été vu en Europe comme le signe d'une évolution démocratique. La réalité est plus complexe. Certes, en général l'armée est associé à une société conservatrice, globalement plutôt génératrice de dictatures en tout genre que de grands progrès sociaux. L'armée avait jusqu'à présent, via le Conseil de sécurité nationale, droit de regard sur quasi tout, ce qui en pratique lui donne un grand pouvoir. Si cela peut entraîner des excès, comme par exemple l'arrestation et la condamnation à mort d 'Adnan Menderes, l'un des premiers démocrates turc, cela a aussi permis au pays d'éviter de tomber sous la coupe d'islamistes radicaux à peu près en même temps que l'Iran. L'armée est intervenue pour s'emparer du pouvoir en 1980, alors que le pays sombrait dans une anarchie menée par des chefs religieux fanatiques. D'une manière générale, l'armée turque sert donc de contre-poids, bien nécessaire dans un pays où liberté et pensée et d'expression demeurent bien fragiles. Et ce n'est pas un hasard si les institutions laïques du pays soutiennent l'armée envers et contre tous. Pendant qu'en Europe on applaudit, en Turquie l'AKP se renforce et est assuré de rester au pouvoir encore un moment, ce qui lui permettra de détricoter encore plus la laïcité plus que précaire dans le pays.

 

On verra dans quel sens la situation va évoluer, mais il n'y a que peu de raison de se montrer optimiste. Et si un rejet de l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne risque fort d'accélérer la radicalisation actuelle, est-il souhaitable de l'intégrer alors que cette même radicalisation apparaît presque comme inéluctable? Il est clair que quoi qu'il en soit, le chemin est encore long à parcourir, que ce soit dans le respect des droits de l'homme ou dans l'application de la laïcité, qui sont des conditions non-négociables pour une éventuelle adhésion future. Si l'on ajoute à cela que la Turquie n'a pas grand chose d'européen dans son caractère, inutile de dire qu'en plus d'être difficile, cette évolution n'est sans doute pas une possibilité raisonnable à envisager. Quoi qu'il en soit, on voit bien que l'enjeu de ses interrogations est plus qu'important, surtout à l'heure actuelle.

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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 15:50

 

Récemment vu sur le site de la RTBF, une grande révolution en Turquie: désormais, il est possible pour une jeune fille d'assister aux cours universitaires voilée, chose qui était interdite depuis 12 ans. En apparence anodin, cet événement est le dernier d'une longue série qui ne peut qu'éveiller mon attention et susciter chez moi une interrogation: la laïcité et la démocratie sont-elles toujours d'actualité en Turquie?

 

Jusqu'à présent, la Turquie faisait figure de championne de la modernité parmi les nombreux pays à majorité musulmane, sans doute l'un de ceux permettant le plus de liberté et affirmant avec la plus forte conviction son caractère laïc, autrement dit une séparation nette entre religion et affaires publiques. Il s'agit de plus d'un régime parlementaire, avec des élections régulières permettant l'alternance entre majorité et opposition, et dans l'ensemble une relative liberté de pensée et d'expression, du moins si l'on compare la situation avec ce qu'il en est dans la plupart des pays du Maghreb, du Proche et du Moyen Orient. Bref, globalement, on peut parler à son égard de démocratie laïque.

 

Cependant, il y a plusieurs ombres au tableau, et non des moindre. Qui plus est, il est fâcheux de voir ces ombres se multiplier ces derniers temps. Il semblerait qu'il y ait une nette radicalisation, tant au niveau politique qu'au niveau religieux. Voyons donc ce qu'il en est.

 

D'une part, et on le sait depuis un bout de temps, la liberté d'expression est assez relative. J'ai bien dit qu'elle était « à comparer avec ce qui se fait ailleurs ». On le sait, les médias le rappelant assez souvent, il est des sujets qui fâchent en Turquie. Des sujets tabous, dont la population elle-même n'a qu'une image déformée par des années de propagande. Le meilleur exemple est bien entendu le génocide arménien et sa reconnaissance. Je compte prochainement aborder le sujet des génocides dans un article à part, car c'est un thème important, souvent méconnu, et un vocable sous lequel on a tendance à réunir tout et n'importe quoi. Pour faire bref, un génocide vise à la suppression physique totale et organisée d'un groupe d'individu définit selon des critères ethniques, raciaux ou religieux. On avait tenté à une époque de rajouter le critère « classe sociale » dans la liste, mais l'URSS y avait apposé son véto, et on comprend vite pourquoi en sachant que dès lors, divers régimes d'extrême gauche auraient été accusés des pires génocides que le monde ait connu, renvoyant le nazisme à l'échelon de modeste amateur. En regard à cette définition, se dégagent divers points importants dans la qualification de génocide. Premièrement, il y a l'extermination posée comme but recherché, et non comme conséquence. Par exemple, l'esclavage des noirs n'est pas un génocide, car le but n'était pas d'exterminer la « race » noire, mais bien de l'exploiter. Deuxièmement, il y a une notion d'échelle et d'organisation: le groupe visé est assurément grand, et il ne suffit pas d'avoir la volonté de le détruire pour y parvenir. En pratique, les rares cas de génocides avérés et reconnus ont souvent nécessités des moyens colossaux pour être mis en œuvre. La Shoah a ainsi pesé lourd sur l'industrie allemande. En posant ces quelques conditions, on constate que le génocide arménien répond bien à cette qualification: le but était clairement de déporter et d'exterminer les Arméniens, accusés de tous les maux (mais aussi les Grecs du Pont, Assyriens et d'autres minorités) pour effectuer une purification ethnique, laquelle se déroulait à grande échelle. Pour avoir une idée: entre un million et un million et demi d'Arméniens, 350 000 Grecs et 500 000 Assyriens furent massacrés. Soit deux millions de morts en tout.

 

Or, cette réalité est niée. Non seulement le gouvernement turc favorise le négationnisme, mais il va même plus loin en sanctionnant tout auteur d'une autre version, qu'il soit Turc ou étranger. La négation est tellement forte, qui si vous interrogez au hasard un turc dans la rue à Constantinople, celui-ci vous répondra à tous les coups par la négative concernant le génocide arménien. Le contrôle des idées à ce sujet est extrêmement bien fait, et laisse peu de marge de manœuvre pour établir la vérité. Le meilleur de tout, c'est que dans l'immédiat après guerre, la réalité de ce génocide n'était pas niée en Turquie. Les responsables en ont même été jugés et punis, la plupart étant condamnés à mort et exécutés. Puis, sous l'impulsion d'un nationalisme ressurgissant, le sujet a peu à peu été éclipsé, pour finalement être banni et devenir tabou. Et ce alors même que pendant ce temps, en Europe, il devenait de bon ton et politiquement correcte de s'excuser pour « les torts causés au monde [des anciennes colonies] ». Et ça va même loin: le fameux article 305 du code pénal turc, sanctionnant tout ce qui « porte atteinte à la nation » permet de condamner un éventuel contestataire de la version officielle à une peine allant jusque 15 ans de prison. Et bien entendu, le gouvernement turc exerce des pressions diplomatiques plus ou moins fortes à l'encontre des instances étrangères ayant reconnu le génocide.

 

Il ne fait pas bon être gay en Turquie. Difficile de distinguer le vrai du faux précisément, mais il ne fait aucun doute (de nombreux témoignages sont là pour le prouver) que l'homophobie est bien présente là-bas. Ainsi, selon l'organisation de défense des homosexuels en Turquie, ce sont 45 personnes qui auraient été assassinés pour leur orientation sexuelle, de nombreux autres discriminés, victimes de violences policières ou d'agressions diverses. Inutile de nier: la ministre turque de la Famille et de la Femme, Aliye Selma Kavaf, a elle-même déclaré il y quelques mois que « L'homosexualité est un désordre biologique, une maladie, (...) une chose qui doit être soignée ». Certes, la Turquie n'a pas le monopole de ce genre de propos, mais la situation n'en est pas moins grave, et ce d'autant plus que les meurtres seraient en recrudescence. Si la Turquie ne condamne pas officiellement l'homosexualité, elle ne condamne pas non plus l'homophobie, le code pénal turc n'y faisant à aucun moment mention.

 

Voilà donc divers points venant bousculer l'image d'une Turquie moderne et ouverte à la liberté d'expression. On voit que c'est tout relatif. Qu'en est-il maintenant de la laïcité? Là encore, la situation n'est pas aussi belle qu'espérée, divers éléments venant remettre en question cette vision idyllique que l'on a traditionnellement chez nous.

 

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23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 14:11

 

Je ne cherche pas à imposer la liberté d'expression dans d'autres pays (ne serait-ce que parce que tous les peuples n'y sont pas prêt), mais le fait est que chez nous, c'est -en théorie- le cas, et ça ne se négocie pas. Ceci dit, je suis persuadé que les peuples pour lesquels ce n'est pas encore le cas auraient tout à y gagner, mais ce n'est pas pour autant que j'irai la leur imposer. Je dirais presque (même si ça paraît égoïste) que c'est leur problème, et à vrai dire je m'en tape. Cependant, à partir du moment où c'est un principe de nos régions, ceux qui y vivent n'ont qu'à s'y plier, et si ça ne leur plaît pas...

Il est certain que des extrémistes occidentaux sont tout aussi dangereux que les mollahs iraniens ou d'autres joyeux drôles excitants les foules. Bien entendu, la liberté d'expression à ce titre permet certains excès, vu qu'en son nom sont dites des choses pas toujours très propres. notez cependant que ce n'est pas l'apanage des occidentaux: n'est ce pas au nom de la liberté d'expression que certains "artistes" crient leur haine de la France? Mais je crois que comme dans tout, c'est une question de juste milieux, et que globalement cette liberté d'expression entraîne plus de résultats positifs que de résultats négatifs. De toute façon, c'est une condition sine qua non de la liberté tout court, et l'un des moteurs de la démocratie.

Mon but n'est pas de diaboliser les communautés musulmanes ou de les stigmatiser, pour utiliser un terme à la mode aujourd'hui. Mais il ne faut pas non plus faire la politique de l'autruche et prétendre que non, il n'y a aucun problème avec une bonne part d'entre elles aujourd'hui. Je trouve qu'il est ridicule de taire le fait que 80% de la population carcérale des Pays-Bas ou de la Belgique est de confession musulmane, sous prétexte que cela nuirait à leur intégration. Taire ce fait est tout aussi ridicule et dangereux que ne l'est le discours assimilant musulmans et terroristes. La première condition à remplir pour résoudre un problème est d'admettre que ce problème existe, et en l'occurrence les musulmans dans leur ensemble seraient les premiers à en profiter. A condition déjà d'être capable de faire un effort sur eux-mêmes, c'est à dire d'accepter une certaine critique qui leur permettrait d'évoluer (notez bien que c'est le cas aussi pour l'église catholique, et qu'il s'agit là presque d'une démarche scientifique). Et pour s'intégrer chez nous, accepter le fait qu'ici nous sommes dans des pays laïcs, et que la religion est en principe uniquement du domaine privé. Quand les guignols de l'info ont assimilé le pape actuel à l'Allemagne nazie en l'appelant "Adolph II" et en lui faisant dire "au nom du père, du fils et du troisième Reich" (insultes autrement plus graves que ces malheureuses caricatures danoises...), je n'ai pas eu souvenir d'acte de haine de la part d'extrémistes chrétiens. Imaginez un peu ce qu'il en aurait été si des musulmans avaient été visés... Après, on peut dire au choix que leurs problèmes d'intégration sont de leur faute, ou à l'inverse que ce sont nos sociétés qui ne leur offrent aucune chance. Pour moi, c'est probablement les deux à la fois, et le problème est extrêmement complexe et demande un travail de fond de longue haleine. Peu importe, ce qui compte dans un premier temps c'est d'admettre qu'il y a certains problèmes, en vue de les corriger ensuite. Je suis bien conscient que mes positions me feraient sans doute qualifier de raciste par plus d'un. Cependant, je les assume, et surtout je me défends de toute généralisation. A aucun moment je ne parle des musulmans dans leur ensemble, il faut bien garder cela à l'esprit. Par ailleurs et pour l'anecdote, l'un de mes camarades universitaires est musulman, pratiquant qui plus est. J'ai eu avec lui de nombreuses conversations enrichissantes sur pas mal de domaines, concernant notamment la façon dont il vit sa foi et son intégration dans notre société. Lorsque je lui faisais remarqué qu'il était dommage que certains de ces co-religionnaires n'aient pas son ouverture d'esprit, il m'a dit qu'en effet, et que lui-même avait déjà subit de durs critiques de la part d'autres musulmans, dont certains membres de sa famille, qui lui reprochaient en substance son ouverture d'esprit par rapport à nous autres occidentaux. Il est la preuve que l'on peut assumer sa foi et être pratiquant tout en étant parfaitement intégré en Belgique, à condition d'adopter une attitude conciliante et laïque, ouverte sur les autres et surtout ouverte à la critique objective.

Vous savez, je suis d'origine étrangère. Mes grands parents paternels sont ukrainiens. Ils sont arrivés en Belgique après la WWII, et j'aime autant vous dire que ça n'a pas été facile pour eux. Mais ils ne sont pas allés caillasser des bus pour autant, et aujourd'hui la seule chose qui me rappelle à mes origines c'est mon nom.

Je vois que vous parlez de l'Irak. Attention ne mélangeons pas tout. L'Irak était bel et bien une dictature, c'est indéniable. Maintenant, que la prétendue démocratisation du pays ait été invoquée de manière purement hypocrite pour justifier son annexion (et surtout celle de ses ressources naturelles) est un fait tout aussi certain. Et il est clair que l'administration Bush a pris les gens pour des cons (je suis pour ma part fier que la Belgique ait été opposée à la guerre, à coté de l'Allemagne et de la France). Ce n'est pas pour autant qu'il faut nier la dictature terrible mise en place par Saddam, même si celle-ci n'était pas d'ordre religieuse (et encore: certains ont été massacrés selon des critères religieux...). Maintenant son renversement était-il une bonne chose? Je ne crois pas. C'est con à dire mais je pense que certaines sociétés ne sont pas encore prêtes à s'assumer d'elles-mêmes, au moins tant que des penseurs ne sont pas là pour prendre le relais et effectuer un travail de fond nécessaire à une transition pacifique vers la liberté. En renversant l'homme fort d'Irak, tout ce que l'on a fait c'est laisser la porte ouverte à l'anarchie et aux chefs religieux qui en profitent et l'entretiennent pour déstabiliser totalement cette société, ce qui leur permettra à terme de reprendre le pays en main, pour le malheur de ses habitants.

 

Je pense pour revenir aux caricatures qu'il ne faut pas voir des complots partout. Que cela accroît la tension entre communautés, c'est certain (mais entre nous soit dit, ce regain de tension tient plus au manque d'ouverture de certains musulmans qu'à autre chose; encore une fois des chrétiens ont été insultés bien plus sauvagement sans pour autant entraîner pareilles violences). De là à dire qu'au final, le but est d'avoir une politique impérialiste pour s'emparer des richesses des états musulmans, il ne faut pas exagérer. Ce genre de publication est certainement à mettre sur le compte d'une certaine exaspération. Exaspération par rapport au fait qu'en Angleterre, 23 tribunaux appliquent la chariah (n'est-on pas sensé être tous égaux devant la loi?). Exaspération par rapport au fait que la moindre critique à l'égard des musulmans entraîne des violences. Exaspération par rapport au fait qu'aux Pays-Bas, on sert de la nourriture halal dans certaines écoles pour tout le monde alors que seule une minorité d'élèves sont musulmans. Exaspération par rapport au fait que dans le nord de la France, certains piscines municipales voient certains créneaux horaires réservés aux femmes musulmanes. Exaspération par rapport au fait que « chez nous » des musulmans se battent pour pouvoir porter le voile intégrale, alors que vous pouvez toujours essayer de vous promenez avec votre femme non couverte en Arabie Saoudite. Exaspération par rapport au fait que des Pakistanais hurlent leur haine par rapport à l'occident, tout en se plaignant par après qu'on ne vienne pas les secourir lorsqu'ils sont inondés. Mais d'abords et avant tout exaspération par rapport au fait que de nombreuses organisations telle SOS racisme par exemple trouvent non seulement cela normal mais ont le culot de qualifier de racistes ceux qui osent dénoncer ces états de fait. Conclusion: le seul résultat tangible de ce discours de « tout le monde est bon et gentil » refusant de voir la réalité en face (c'est à dire les problèmes de certains communautés musulmanes à s'intégrer et leur refus de se laïciser) est que l'on a une montée en flèche de l'extrémisme anti-musulmans. Tout comme la monté de l'antisémitisme est due en partie à l'impression qu'ont certains que les juifs mettent toujours en avant leurs malheurs (shoah) et notre responsabilité pour justifier leurs actions. Mais là encore, il s'agit d'une généralisation dangereuse.

 

La liberté d'expression sert il est vrai aux deux partis pour tenir des discours démagos en son nom. Ceci dit et encore une fois, cette liberté est une des conditions pour qu'une société soit démocratique, et à ce titre ce n'est pas négociable, quels que soient les excès commis en son nom. On peut dire que la démocratie peut théoriquement permettre aux pires extrémistes de s'emparer du pouvoir (ça s'est déjà vu...), mais ces quelques excès suffisent-ils donc à remettre en cause la validité d'un modèle qui est le plus proche possible d'assurer à un maximum la liberté, qu'il s'agisse de la liberté de culte, d'opinion de manière générale ou tout simplement de la liberté de mener sa vie plutôt que de se la voir imposée par d'autres? Certainement pas. Bien sûr, ce modèle a ses défauts. Ce qui prouve qu'il est perfectible.

 

Que la religion serve la politique, et que celle-ci serve l'économie est indéniable également. Cependant, il ne faut pas non plus la réduire à cela. Je crois (et c'est un athée qui vous le dit) qu'en étant restreinte à la sphère privée, c'est une manière comme une autre de vivre sa vie, et que si elle permet à certains de se dépasser et d'évoluer, alors c'est un plus pour ces personnes. Maintenant, les institutions religieuses, bien que basées sur la religion, ont leurs faiblesses humaines, à savoir par exemple l'appât du pouvoir (bien plus que l'appât du gain: d'ailleurs au final, celui-ci est-il autre chose qu'un moyen parmi d'autres de s'assurer le pouvoir?). Mais là encore, pas de généralisation: si le pape actuel ne me plaît guère, il ne faut pas oublier que de très nombreux prêtres sont totalement désintéressés et ne sont préoccupés que par l'idée de faire le bien autour d'eux. Pareil bien entendu pour les religieux d'autres confessions, aussi et y compris de nombreux imams totalement dévoués à « faire le bien ».

 

Concernant les Etats-Unis, disons que comme tous les pays ils font ce qu'ils estiment être dans leur intérêt, ce qui inclût bien entendu des actes pas très catholique (façon de parler, et doux euphémisme). Les motifs en sont essentiellement économiques, et l'on voit bien aujourd'hui que ces modèles montrent leurs limites, seul leur cynisme en étant dépourvu. Il est clair également que la politique étrangère américaine de ces 60 dernières années est une longue liste de coups d'état, de révolutions sanglantes, de guerres motivés en général par le libéralisme... Cependant, là encore je me refuse à m'en tenir à cette vision réductrice et dangereusement populiste. Ce serait aussi ridicule que de tenir pour vrai le préjugé arabe=voleur, et ça entraînerait les mêmes réactions haineuses dont on sait à quoi elles peuvent nous mener.

 

Conclusion: ces sujets, qu'il s'agisse de l'intégration de l'islam à nos sociétés démocratiques et laïques, de la place des religions de manière générale, de la liberté de presse ou de la politique étrangère américaine sont vastes et ne se résument pas en quelques phrases. Le grand danger serait de les réduire justement à ces quelques phrases, car ce serait la base même d'un discours populiste dont on sait à quoi il peut nous mener.

 

Voilà, longue réponse mais je crois qu'elle en vaut la peine, car elle pose pas mal de questions, et aborde pas mal de domaines très intéressants... Et très délicats.

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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 20:51

 

Parce que la liberté d'expression est une notion démocratique fondamentale, et la liberté de presse un principe non négociable, en soutien aux caricaturistes danois qui ont dû faire face à des réactions de haines inouïes mais peu surprenantes et en espérant que ce symbole de la liberté ne soit pas oublié, je rends ici un hommage à ces fameuses caricatures qui ont fait couler beaucoup d'encre en 2005, en espérant ne pas être le dernier à le faire.

Ces caricatures ne sont certes pas toutes bonnes d'un pur point de vue artistique (bien que ce soit une notion très subjective...), cependant, ne serait-ce que par principe, il est hors de question de les laisser de coté. Symbole s'il en est du manque de réceptivités de certaines communautés, preuve s'il en faut que l'on est loin d'une laïcisation généralisée de l'islam pourtant nécessaire à une meilleure intégration dans les sociétés modernes des musulmans (cf article précédant).

 

Ce qui me fait rire, c'est que certains fondamentalistes, au nom de la liberté de culte, s'offusquent dès lors que l'on critique le port du voile intégral (interdit en Belgique, premier pays au monde à promulguer une loi en ce sens) ou certaines autres pratiques tout aussi archaïques d'une frange de l'islam. Et ces mêmes fondamentalistes s'offusquent d'autant plus dès lors que l'on ose, au nom de la liberté d'expression, publier quelque chose qui ne leur plaît pas. Savez-vous que certaines firmes ont lâchement pris leurs distances avec le Danemark dans les pays musulmans pour éviter des ennuies? Je trouve que l'on n'a pas à se laisser dicter notre conduite par des principes religieux, lesquels sont du domaine privé. Je dirai également que ce n'est pas la représentation du prophète qui est interdite (ou du moins elle l'est selon certaines obédiences islamiques, mais pas toutes, et en tout cas certainement pas via le Coran), mais celle d'Allah. D'ailleurs, les représentations de Mahomet dans l'art islamique sont nombreuses et même assez généralisée au moins jusqu'au XIIIe siècle, et de même une version dessinée du coran est parue dans certains pays arabes sans susciter de condamnation. Et quand bien même, l'une des caractéristique d'une loi islamique est qu'elle ne s'applique en aucun cas à un non-musulman (cf la chariah). Et si l'on parle de respect... je dirais qu'il est curieux de voir des réactions pour le moins violentes à des accusations indirectes de violence. Rien ne justifie pareille haine.

Encore une fois, il faut éviter les amalgames et mélanger islam et terrorisme. Mais il faut reconnaître que pas mal de violences sont faites au nom de l'islam, ce que dénoncent certaines caricatures. Voici quelques unes des réactions qu'il peut y avoir lorsque certains musulmans se sentent insultés.

 

Je l'ai déjà dit, la qualité purement artistique de certaines caricatures laisse à désirer, et je n'ai aucun désir de les publier ici, d'autres l'ont largement fait par le passé. Cependant, parmi les réactions qui ont suivi, toutes n'ont pas été violentes: et les caricatures en ont entraîné d'autres, lesquelles sont pour certaines franchement marrantes. J'ai donc l'intention d'en mettre ici quelques-unes qui m'ont plu, autant pour changer un peu de registre que pour dénoncer un fait que je trouve révoltant, à savoir le manque d'ouverture de certains.

Je tiens à préciser par ailleurs que les images ont été trouvées via google, je n'ai aucun lien avec les sites sur lesquels je les ai trouvées. Je ne serais pas surpris d'apprendre que l'un ou l'autre soit affilié à l'extrême-droite, ce qui n'est absolument pas mon cas.

 

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5 octobre 2010 2 05 /10 /octobre /2010 22:09

 

S'il est bien une constante malheureusement toujours d'actualité aujourd'hui, c'est le tabou concernant les religions, en particulier leurs liens avec diverses formes de violence, directes ou indirectes. Et force est de constater que c'est d'autant plus dur dès lors que l'on aborde l'islam. Si critiquer l'église est pratiquement de bon ton aujourd'hui, si possible en réduisant l'église à l'inquisition et aux croisades, ce qui est largement réducteur (et oubliant par là que l'église a été la seule institution capable de prendre le relais de l'empire romain), il est déjà plus délicat de critiquer un juif (ce qui reviendrait à être classé de facto comme antisémite). Concernant l'islam, c'est presque impossible. Toute personne le faisant serait traitée de raciste, et il est évident qu'il prendrait se faisant des risques (des critiques légères se contenteront d'attirer un torrent d'insultes, d'autres par contre... regardez le cas des caricaturistes danois). Le paroxysme de cela c'est bien entendu les réactions violentes de certains musulmans lorsqu'on les accuse... d'être violent.

 

Et pourtant, que les religions en soit ou non la cause, il n'empêche que de nombreux actes pas toujours très nets sont faits en leur nom. Certains prétendront ici que ces actes sont l'œuvre de gens (ou d'institutions) n'ayant pas grand chose à voir avec les religions dont elles se réclament. Possible, mais peut-on réellement distinguer nettement l'un de l'autre? Ce n'est pas toujours le cas, en particulier dans le cas ou, comme dans l'islam, la violence est inscrite dans le fondement même de la religion dont il est question. Nous y reviendrons. Mais quelle que soit la confession à laquelle on se rattache, certaines violences reviendront toujours. Premièrement parce qu'en s'identifiant à une croyance, on se démarque forcément de ceux qui ne la partagent pas. Et quoi qu'on en pense, une différence affichée et même revendiquée finira bien souvent par entraîner des réactions pas toujours positives, dues à une certaine intolérance sous-jacente à pas mal de personne. Je pense que chacun d'entre nous a, au plus profond de lui, une part d'intolérance, un préjugé sur telle ou telle catégorie de personnes plus ou moins étendue et particulière. Et ce d'autant plus que la différence en question concerne un élément non rationnel, ce qui par définition échappe à toute analyse objective. D'autre part, il est clair également que pas mal de gens, et par conséquent d'institutions formées par des gens, sont attirés d'une manière ou d'une autre, par le pouvoir. Et un contrôle des croyances permet un contrôle des mentalités, et part-là même un certain pouvoir, personne ne peut le nier. Bien entendu, se faisant, lesdites institutions s'écartent des principes défendus par leurs religions, lesquelles n'en sont évidemment pas responsables, ceci dit le fait est-là et ne peut se nier. Il ne faut pas généraliser: pas mal d'hommes d'église, qu'ils soient chrétiens ou non, ont une profonde bonté d'âme. Mais d'autres sont tentés de se servir du pouvoir à leur portée. Et quand bien même quelqu'un viendrait me sortir cet argument par rapport à ma critique qui concerne avant tout l'islam, je lui dirais qu'il devrait dès lors traiter chaque religion de manière égale. A partir du moment où l'on ne peut nier que l'église a du sang sur les mains, on ne peut également nier que l'islam en a aussi, peut-être même encore plus. Par exemple, la traite par les musulmans des noirs (incroyants donc considérés comme indignent de toute forme de respect) concerne au moins 25 millions d'Africains. La traite triangulaire Afrique-Europe-Amérique 10 millions.

 

Ces considérations générales mises à part, pourquoi suis entrain de parler de ça, et de l'islam en particulier? Loin de moi l'idée de tirer à boulets rouges sans raison dessus. Cependant, un discours fort répandu tend aujourd'hui à descendre en flammes l'église catholique romaine, et par opposition à nous faire passer les autres religions, islam en tête, comme étant pures et dignes d'éloges. Or, sans faire du manichéisme, il faut reconnaître que l'on trouve de tout et de rien dans le Coran, et rien ne permet de le qualifier de message de paix et d'amour. J'identifie pour ma part au moins trois raisons principales et spécifiques à l'islam des violences faites en son nom.

 

Premièrement le fondement même de la religion, à savoir le Coran, son pilier principal. Loin d'être un message plein d'humanisme, il faut reconnaître que ce livre est très violent, et ne mâche pas ses mots à l'égard des incroyants, considérés avec mépris (au mieux). S'il y a un message de paix et de don de soit, c'est valable vis-à-vis d'autres musulmans, et en aucun cas d'incroyants. Dans l'islam, la première caractéristique d'un homme n'est pas de savoir s'il fait le bien ou le mal (contrairement à la religion catholique), mais s'il est croyant ou non. Et s'il se doit de respecter un autre croyant, il a le devoir de s'en prendre aux infidèles, lesquels ont deux choix: se convertir ou mourir. Je n'invente rien. Historiquement, c'est logique. Car qui est Mahomet, supposé à l'origine de ceci? Tout simplement un chef de guerre, dirigeant à la base de modestes tribus arabes. La création d'un message mythique comme il l'a fait lui a permis de fédérer plus ou moins ces tribus, et de les lancer à la conquête des autres. Et ça a plutôt bien fonctionné, étant donné qu'en une trentaine d'années l'islam s'est répandu des frontières de l'Iran actuel jusqu'au Maghreb. Cette extension s'est faite par la guerre uniquement, et représente l'une des plus fulgurante extension de l'histoire, battue uniquement par celles d'Alexandre ou de Gengis Khan. Il est clair que le Coran, élément fondateur de cela, ne fait pas dans la demi-mesure. Comme Clausewitz l'a défini, à la guerre, la moindre compassion pour l'adversaire est une faiblesse susceptible d'être exploitée. Dès lors, prétendre que le Coran, pilier d'une tribu guerrière, est plein d'humanisme (idéologie par ailleurs peu répandue à l'époque...) est d'une idiotie sans nom, et même une négation de l'histoire.

 

La deuxième particularité, par rapport aux mouvances (j'entends par là les différentes religions telles que l'anglicanisme, le catholicisme ou le protestantisme) chrétiennes, est que l'islam, religion totalitaire s'il en est (j'entends par là supposé régir chaque aspect de la vie d'un individu et ne se limitant pas au domaine privé), n'a pas connu d'évolution laïque. En occident, de gros progrès de pensée, des révolutions même, ont eu lieu. Cela ne s'est pas fait sans mal: c'est un processus long, douloureux (car l'institution auparavant bien placée veut tout faire pour garder sa place...) et qui se fait sous l'impulsion de grands penseurs (rarement du peuple: même s'il aspire à plus de liberté, il est dans l'ensemble facilement berné, et les révolutions populaires réussies se comptent sur les doigts d'une main). Or, force est de constater que l'islam n'a pas connu récemment de Rousseau, Voltaire ou Descartes. Il y a certes eu de grands savants, notamment en astronomie ou en mathématique, mais les contributions à l'émancipation de la pensée restent limitées. Et rien n'indique que c'est entrain de changer: quel que soit le lieu, chaque pays à majorité musulmane est entrain de se radicaliser. Il n'y a aucune exception: l'Iran est bien entendu le premier exemple. Mais les pays du Maghreb ne font guère mieux: il n'y a qu'à voir la dégradation de la condition des journalistes dans des pays aussi « ouverts » que la Tunisie pour s'en convaincre. Même la Turquie, présentée comme un modèle de laïcité, est entrain de s'islamiser: rapprochement du pouvoir avec l'IHH (cf affaire de la flottille de Gaza), diminution du pouvoir de l'armée salué par l'Europe comme une démocratisation (alors que l'armée est un des remparts de la laïcité), rhétorique violente à l'égard d'Israël,... Partout la situation se dégrade. Et il faut garder à l'esprit que le message du Coran est sensé être intemporel, et donc ne peut pas s'adapter à une société moderne s'il est appliqué strictement.

 

La troisième raison enfin est plus marginale. Mais c'est une explication que j'ai lue il n'y a pas longtemps, et qui me paraît logique. Elle concerne plus les difficultés d'intégration de certains musulmans, dues à un phénomène de communautarisme. Selon cette thèse, les musulmans (certains en tout cas) auraient du mal à s'intégrer tout simplement parce qu'ils n'en éprouvent pas le besoin. Parce que ceux-là se sentent chez eux partout, et donc n'ont pas le besoin de se mélanger à d'autres personnes. Et pourquoi se sentent-ils chez eux? Parce que le droit du sol (et donc du chez-soi) n'a aucun sens pour des gens qui soit dérivent de nomades (et pas besoin de remonter à loin pour cela, pas mal d'arabes étaient encore nomades il n'y a pas cent ans), soit se sont déjà répandus par conquête (à la base, n'oublions pas, l'islam s'est étendu par la guerre...).

 

Ce ne sont ici que des pistes de réflexion. Et encore une fois, je n'ai rien contre l'islam, et à fortiori contre les musulmans. A condition d'une part que leur religion reste du domaine privé. Et d'autre part qu'elle passe après les lois, et non avant. Je ne suis pas croyant. Cependant je m'estime chrétien (et je considère que chaque Européen, qu'il le veuille ou non, l'est). Notre culture et nos valeurs sont en grande partie chrétiennes, qu'il s'agisse des fêtes rythmant nos calendriers, ou des notions telles que le don de soit, le partage, etc... Et je ne tiens pas à critiquer l'une ou l'autre religion dans son ensemble. Des croyances permettent à certains de donner un sens à leur vie, ou de surmonter une épreuve. Que ça se fasse en dépit du bon sens importe peu, l'essentiel là est le résultat. Si une croyance permet à certains de se sentir mieux, alors je n'ai rien à y redire. Et je ne vais certainement pas qualifier ladite personne de lâche. Quant aux institutions, il y a du bon et du mauvais, comme dans tout serait-on tenté de dire. Et l'église a son rôle à jouer dans notre société: je considère qu'à l'heure actuelle, il est important d'avoir un certain contrepoids au « libéralisme » de pensée actuel. Entendons-nous bien: je ne suis pas d'accords avec la plupart des positions de l'église: il est évident que j'accorde une place primordiale à la contraception, que je suis pour l'avortement et totalement favorable à l'euthanasie. Sur ce dernier point, je suis même fier de mon pays, car je considère que la légalisation du droit de mourir est une grande avancée morale, aussi importante que le droit à l'avortement. Cependant, comme dans tout, il faut un juste milieux, et ce dernier peut être atteint en tenant compte des positions extrêmes: liberté totale d'un coté (à l'excès) contre les sévères restrictions de l'autre.

 

Cependant, il faut savoir appeller un chat un chat. Et nier la vérité ne mène à rien: qu'il s'agisse de prétendre que le Coran est un message exclusivement de paix ou que les kamikazes du 11 septembre n'ont pas agit au nom d'Allah est tout aussi ridicule. Mais encore une fois, je me défend de toute généralité.

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