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23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 20:34

 

Sur wikipédia, on s'est bien vite rendu compte que l'on pouvait être la cible de critiques, pas forcément positives d'ailleurs, et l'on s'est du coup senti obligé d'y répondre. Quoi de plus simple alors que de créer une page centralisant les réponses auxdites critiques. Forcément, cette page ayant été écrite par des wikipédiens, il ne faut pas s'attendre à ce qu'ils démordent de leurs opinions habituelles, à savoir que wikipédia est géniale et que ses rédacteurs sont encyclopédistes, le tout défendu à grand coup de sophismes. Bon, pas de surprise évidemment, c'est exactement comme on s'y attend mais, just for fun, jetons-y un coup d'œil histoire de rigoler.

 

Bien entendu, on commence à répondre aux critiques concernant la base même du système, à savoir le wiki, lequel permet à n'importe qui d'écrire et de participer. Là déjà, premier sophisme (je cite) « avec suffisamment de paires d'yeux, toutes les erreurs sont révélées ». En gros, le fait de permettre à tous de participer permet à tous de corriger. Certes, mais ça permet également à tous d'y écrire des conneries, chose amplement vérifiée en pratique. Statistiquement, si l'on considère qu'il y a autant de gens bien intentionnés que de mal intentionnés, la moyenne est nulle. Reste que les mal intentionnés étant bien mieux organisés, ils ont tendance à tirer la couverture à eux, avec le résultat qu'on sait...

 

Ensuite, on reconnaît au sujet des amateurs que « C'est une difficulté sérieuse. On suppose, par optimisme, que ces amateurs seront facilement corrigés et complétés, alors que ce n'est pas le cas d'une encyclopédie imprimée sur papier, vu qu'une telle encyclopédie n'est généralement pas faite par des amateurs. »

Autrement dit, on admet à demi-mots que la qualité d'une encyclopédie traditionnelle sera meilleure. C'est évidemment le cas, toutes les études le confirment et les experts sont unanimes là-dessus. On suppose ensuite qu'un amateur peut néanmoins pondre un article de qualité. Certes oui, mais alors il y a de grande chance qu'il le fasse en recopiant plus ou moins fidèlement le travail qu'un autre aura pondu... Note intéressante ensuite:

« Ces réflexions sur la fiabilité des contributions posent le problème de la place que la Wikipédia pourrait occuper dans le domaine de la diffusion de la connaissance : dans une perspective optimiste, Wikipédia pourrait devenir une source relativement fiable d'informations et de savoir ; dans une perspective pessimiste, elle en resterait à un amateurisme sans conséquence, et il serait toujours préférable d'aller voir ailleurs. Il est difficile de prédire quelle perspective l'emportera, et il faut sans doute souligner que ce sont les contributeurs de la Wikipédia qui seront entièrement responsables de ce qu'elle deviendra. ».

Au mieux donc, wikipédia ne serait qu'une source d'informations (de savoir certainement pas, excepté le savoir recopié -pillé- sur d'autres sources). A ce titre, elle ne serait qu'un média parmi d'autres: c'est en effet le rôle des médias d'apporter une information, quitte à ce que l'interprétation en soit laissée à d'autres. Wikipédia est donc en pratique réduit à un complément de google, utile certes, dans le cadre d'une recherche ponctuelle sur une information, comme par exemple la capitale de tel ou tel pays. Bien que même à ce niveau, il y a des contre-exemples: ainsi concernant la capitale d'Israël, ou le statu de Taïwan, il est clair que les avis sont partagés.

 

Les points suivants abordent les fanatiques et les partisans, où l'on prétend que ces personnes ne fréquentent pas wikipédia. Ha bon? Pourtant, je pourrais citer au moins trois admins connus pour leurs croyances en l'ufologie, et de nombreux autres à tendance fasciste. On dit également que les points de vue idiosyncrasiques sont « contextualisés ». En pratique, ça revient bien souvent à accorder une place très importantes à des « théories » loufoques, souvent disproportionnées par rapport à leur importance réelle. Point très intéressant, la phrase « Nous avons essayé de formaliser cette politique éditoriale » où l'on reconnaît que wikipédia est en pratique un éditeur, autrement dit est aux yeux de la loi responsable de son propre contenu, et peut donc être poursuivie. Capital ça! Jusqu'à présent, c'est systématiquement nié par les administrateurs, dont Monniaux et Serein, deux des responsables de wikimédia France.

 

Ensuite, on aborde les problèmes posés par les publicitaires, selon eux rapidement corrigés. Faux. Pour mémoire, ceci en est une bonne preuve, et est un bon exemple d'infiltration de wikipédia par des commerciaux. On note également le même genre d'excès de la part de groupes politiques, qui ré-arrangent leurs pages à leur avantage. Regardez la page consacrée au Parti Populaire en Belgique (parti représentant la caricature même du populisme), il s'est agit durant de longs mois d'un simple exposé du programme du parti.

 

Ensuite, pour parler de la qualité des articles, on cite une étude de nature ayant fait couler beaucoup d'encre. Il est fort probable que je reparle de cette étude dans un article à part, tant elle est grossière. Les wikipédiens se basent bien souvent sur la SEULE étude leur étant plus ou moins favorable, alors qu'elle est fortement critiquable car totalement biaisée dans sa méthode de conduite, et ne portant que sur 40 articles non représentatifs. J'en reparlerai, promis. Ceci dit, et alors même que la valeur de cette étude est largement surfaite sur wikipédia, on reconnaît malgré tout « cette étude concerne la version anglophone, plus complète que la version française, sur des sujets scientifiques ».

 

Ensuite, joli sophisme heureusement temporisé quoi qu'avec euphémisme: « Scientifiquement parlant, et même du point de vue de la satisfaction personnelle, il est toujours préférable de participer à un projet qui s'efforce d'atteindre un certain niveau de qualité. Ainsi, par principe, on supposera que l'ensemble des contributeurs de Wikipédia aura toujours une préférence pour ce qui est de qualité plutôt que pour ce qui est mauvais, voire médiocre. Mais entre l'intention et la réalisation concrète, il y a un pas à franchir, et il se présente bien souvent quelques difficultés qui peuvent naître des principes même du projet. ».

 

Est abordé par après le problème de l'absence de relecture: la raison invoquée en est la jeunesse de l'encyclopédie. Selon eux, ça ne peut que s'améliorer avec le temps. Bof. Si certains viennent pour corriger des erreurs, d'autres peuvent tout aussi bien en rajouter, et ce sera d'autant plus le cas que le site aura une certaine renommée, faisant de lui une tribune idéale pour tous les groupes d'opinion en tout genre! Le point qui suit parle de l'expertise. Là, on met clairement en opposition amateurs et experts, lesquels ne devraient leur notoriété qu'à un certain traditionalisme. C'est quoi ça? Une négation de la valeur de l'opinion d'un expert? Pourquoi ne pas supprimer toute formation universitaire tant qu'on y est? Après tout, si un amateur peut arriver au même résultat, pourquoi donc aller s'emmerder à faire des études? Ça a au moins l'avantage d'être rassurant, de conforter les gens dans leur opinion que tout se vaut, et que leur avis vaut autant que celui d'un autre. Si c'est vrai au niveau de la société, ce n'est pas le cas dans le domaine du savoir. Encore une fois, l'accès au savoir se doit d'être universel, pas sa rédaction. Prétendre le contraire, ça revient à prendre les gens pour des cons, tout en faisant croire qu'on les respecte pour ne pas éveiller leurs soupçons. Sénèque disait « du pain et des jeux... ». Ben là, on y est.

 

On parle par après de l'impossibilité de vérifier les informations fournies par wiki, et l'importance du sourçage. Certes, il faut sourcer. Comme on le dit, ce n'est pas un gage de qualité, car encore faut-il que la source soit fiable. Selon quels critères? Définis par qui? On le voit, la question est épineuse. On a au mois l'honnêteté de le reconnaître sur cette page, cependant on esquive en rappelant la jeunesse du site et en supposant (espérant?) que cela sera corrigé par la suite.

 

Ensuite, LA perle: « il serait criminel de laisser des élèves utiliser le contenu de Wikipédia sans une sérieuse réflexion sur la confiance toute relative que l'on peut lui accorder. ». Pour le coup, c'est joli. Honnête, mais joli. Après toutes les réponses aux critiques vues avant, on reconnaît en somme que wikipédia n'est pas fiable. D'une part, c'est presque contradictoire avec ce qui précède (bien que l'ensemble est honnête: on reconnaît certains défauts tout en supposant utopiquement qu'ils vont s'améliorer). D'autre part, c'est risible quand on voit la prétention affichée du site, à savoir être une encyclopédie. Depuis quand une encyclopédie n'est-elle pas fiable? Quel est l'intérêt de sa consultation si tout doit être vérifié? Si on prend la réciproque alors, wikipédia n'étant pas fiable, elle ne peut être qualifiée d'encyclopédie comme ils le font à longueur de journée. C'est limpide! Et pour le coup ça confirme ce que je dis depuis le début, même si la non fiabilité n'est pas le seul élément qui empêche de qualifier ce site d'encyclopédie. Poursuivons: « Mais cette attitude de doute raisonnable doit s'appliquer à toute source d'information, pas seulement à Wikipédia. ». Oui, mais elle est d'autant plus importante que l'on sait que la source en question est potentiellement rédigée par des amateurs, des lobbys, toute une série de gens partisans, etc etc... Enfin et sur ce point: « Par ailleurs nous n'avons pas tous pour objectif de faire de Wikipédia une ressource documentaire en elle-même. Certains d'entre nous l'utilisent comme un outil de rédaction et se servent des articles ainsi obtenus dans des publications ou lors de formations par exemple. On peut espérer que ce type d'utilisateurs a une connaissance suffisante du sujet pour vérifier par lui-même les informations présentes dans les textes qu'il diffuse. ». Pareil qu'au dessus: pas fiable, et utile dans en gardant à l'esprit qu'il ne s'agit que d'une source d'information (et en aucun cas de savoir).

 

Je ne peux m'empêcher de citer la quasi totalité du paragraphe suivant concernant la neutralité: « Bien sûr que Wikipédia est un projet éminemment politique. Un des objectifs du projet n'est-il pas de permettre à chacun de se réapproprier l'information et le savoir ? Le fait que ce projet ait pu être aussi bien traité d'  « ultra libéral » que de communiste montre cependant que, tout comme pour la pensée libérale d'ailleurs, il faut éviter de vouloir faire entrer Wikipédia trop rapidement dans des petites cases. Disons simplement qu'il est le fruit de son époque ». Et c'est sensé nous réjouir? Le fruit d'une époque où tout part en couille, le fruit d'une époque où le libéralisme justement montre ses pires excès quotidiennement? Le fruit d'une époque où les pires extrémismes reviennent plus forts que jamais? Le fruit d'une époque où l'on n'a jamais autant pris les gens pour des cons? Le fruit d'une époque où la violence la plus forte côtoie des monceaux d'utopistes? Oui, wikipédia est le fruit d'une époque. De cette époque. Et en particulier de ses pires débordements. De cette époque dans tout ce qu'elle a de néfaste à nous offrir. Je ne vois donc aucune raison de s'en féliciter. Et c'est tout pour la neutralité dans cette page...

 

La suite est moins intéressante. On parle de Wales, bon, personnellement je n'aime pas les attaques ad-hominem et je n'ai pas besoin de ça pour trouver et dénoncer les failles du site. Je constate juste qu'il s'agit à la base d'un libéral, rien d'étonnant donc à ce que son bébé soit ce qu'il est. Et également que le bonhomme a un sacré égo, promu du jour au lendemain comme étant un prétendu « philosophe » (du moins si l'on s'en tient aux prix qui lui sont décernés par des individus n'ayant rien à lui envier), et une sacré prétention pour un supposé humaniste (se réjouir des difficultés des encyclopédies depuis le lancement de son site n'est certainement pas signe d'une quelconque grandeur d'esprit, mais plutôt d'un raisonnement d'industriel voyant les autres comme étant des concurrents potentiels. Et de toute, ces mêmes encyclopédies sont autant d'obstacle à sa négation de la valeur d'un travail intellectuel). Quelques phrases plus loin on répète encore que wikipédia fournit de l'information, et on dit pratiquement qu'elle est un complément d'un moteur de recherche, rien de plus.

 

On le voit, on reconnaît pas mal de problèmes, ce qui me fait dire qu'il y a une part d'honnêteté (et sans doute de volonté de bien faire) mais les solutions sont cependant assez utopiques voire relèvent du sophisme. D'autres problèmes ne sont même pas abordés, je pense par exemple à la responsabilité éditoriale souvent niée, ainsi qu'aux administrateurs qui se comportent pour la plupart en petits chefs d'un régime totalitaire. Et finalement, pratiquement aucune « réponse aux objections courantes » ne s'avèrent réellement satisfaisante. Peu mieux faire donc...

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