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13 décembre 2010 1 13 /12 /décembre /2010 17:54

 

Une différence notable entre les scènes politiques belge et française se situe au niveau du climat et de l'ambiance régnant entre les différents partis. En effet, en Belgique, on ne trouve pas le clivage « gauche-droite » comme c'est le cas en France, en tout cas pas de manière aussi marquée. Lorsqu'un Belge regarde une émission politique française, bien souvent il est frappé par les coups bas, les propos orduriers et les noms d'oiseaux que se jettent les opposants en guise d'argument et de débat. Cela ne veut pas dire que ces mêmes débats ne se résument qu'à ça et qu'il n'y a rien d'intéressant à en tirer, mais simplement qu'il est fréquent que l'ambiance générale ne soit pas des meilleures, voire que le climat soit carrément malsain.

 

Une explication à cette différence: en Belgique, les partis doivent composer entre eux après les élections pour composer un gouvernement majoritaire. On a ainsi pu voir au sein du même gouvernement des élus de droite et de gauche. Une complexité supplémentaire: on essaie que la couleur politique soit plus ou moins symétrique entre le nord et le sud, ce qui est difficile sachant que la Flandre est bien plus à droite que la Wallonie. Même s'il n'y a aucune obligation de ce coté, il est clair qu'il y a déjà suffisamment de différences entre les deux principales communauté sans aller en plus rajouter celle d'un gouvernement où le fossé communautaire serait doublé d'un fossé d'opinion politique. Ceci dit, encore une fois, il n'y a aucune règle formelle là-dessus.

 

L'exception à cette relative « bonne ambiance » a été la campagne pour les législatives de 2007, qui est restée dans les mémoires comme étant la campagne du non-respect (du moins pour la partie francophone du pays), et ce à cause d'un seul parti, le MR (de droite) et surtout de son président, monsieur Didier Reynders. Excellent économiste (malheureusement indispensable), il n'en est pas moins manipulateur et faux-cul. Au cours de cette campagne, il a réussit le tour de force de plomber l'ambiance par ses attaques répétées à l'égard des trois autres grands partis francophones (pour mémoire: le PS, Ecolo et le CDH -centriste-). Entre attaques ad-hominem et injures, ça ne volait pas haut... Ce qui encore une fois est assez rare. Quand on voit les 4 présidents de parti réunis, on a plus l'image d'une bande de vieux de la vieille qui se connaissent bien et d'une manière générale se respectent. Le symbole même de cela, c'est la traditionnelle remise de cadeaux: lors de la dernière grande soirée pré-électorale, après avoir croisé le fer pendant deux bonnes heures, les présidents se font des cadeaux les uns aux autres. Ce qui est bien sûr l'occasion de faire passer l'une ou l'autre remarque sous le couvert de l'humour, avec son lot de petites piques échangées toujours avec le sourire. Par exemple: une cravate bleue (couleur du MR) à monsieur di Rupo (président du PS, connu pour arborer toujours son célèbre nœud-papillon rouge), un livre « oui-oui » pour Joëlle Milquet (présidente du CDH, surnommée « madame non » par nos voisins flamands) ou encore une lampe se rechargeant grâce à une manivelle offerte à Jean-Michel Javaux (co-président d'Ecolo). Une sorte de surréalisme « à la belge » comme diraient certains, personnellement je préfère parler d'auto-dérision bien de chez nous.

 

Cependant, tout n'est pas toujours rose. Ainsi, la RTBF vient de publier un best-of des remarques assassines et autres vannes échangées cette année dans le cadre du parlement wallon. Je reproduis l'article dans sa totalité ici. Comme quoi, il n'y a pas qu'en France!

 

Le plus poète : Gilles Mouyard (MR)

Par SMS, à la présidente du Parlement wallon, Emily Hoyos (Ecolo): "C'est vrai que t'as un beau cul ...". Classe ! Quelques semaines plus tard, le même Mouyard s'interroge sur certains chiffres avancés par le gouvernement. Marcel Cheron (Ecolo) : "Mais vous êtes un littéraire !" Et paf ! Le ton est donné.

Le plus embarrassé : André Antoine (cdH)

S'adressant à Pierre-Yves Jeholet (MR), au nom du gouvernement : "Lorsque nous ne sommes pas là, vous le regrettez, et lorsque nous sommes là, vous voulez nous faire taire".

Le plus menaçant : Hervé Jamar (MR)

En séance plénière, à propos du ministre André Antoine (cdH) : "Je veux bien rester calme, mais il ne faut pas qu'il m'énerve non plus".

La plus nerveuse : Véronique Cornet (MR)

En commission, au ministre Benoît Lutgen (cdH) : "Vous avez intérêt à répondre à toutes mes questions, sinon je vais péter un câble".

Le plus volage : Marcel Cheron (Ecolo)

"La déclaration de politique régionale, c'est un contrat de travail, pas un contrat de mariage".

La plus frustrée : Monika Dethier (Ecolo)

Monika Dethier (Ecolo) par rapport à la coalition Olivier : "Je trouve que la complémentarité avec les libéraux eut été plus motivante, alors qu'avec le PS et le cdH, il y a des doublons".

Le plus philosophe : Jean-Claude Marcourt (PS)

S'adressant à Jean-Luc Crucke (MR) énervé : "Vous pouvez élever la voix, ça n'augmente pas la pertinence de votre propos".

Le plus empathique : Jean-Luc Crucke (MR)

Au ministre Jean-Marc Nollet (Ecolo): "Vous devez réparer dix ans d'indigence socialiste, et ce n'est pas facile, je vous le concède".

Le plus croyant : André Antoine (cdH)

Répondant à une question sur l'éventuelle "mort politique" de Michel Daerden (PS) : "Oh vous savez, pour moi qui suis chrétien pratiquant, on peut toujours ressusciter".

Le plus métaphorique : Willy Borsus (MR)

A propos de l'absentéisme: "Ce Parlement ressemble à une gare des bus à Charleroi un jour de grève des TEC". Réplique de la Présidente Emily Hoyos (Ecolo) : "Je peux vous assurer que la conductrice du bus est bien là".

La plus sentencieuse : Véronique Cornet (MR)

"Là où Michel Daerden passe, la loi sur les marchés publics trépasse".

Le plus incendiaire : André Bouchat (cdH)

A Hervé Jamar (MR), assis entre ses collègues réformateurs Jean-Paul Wahl (tendance Michel) et Pierre-Yves Jeholet (tendance Reynders) : "Tu me fais l'effet d'être assis entre deux feux ! ». Réplique de Jamar : "Chez nous au moins, il y a encore du feu !"

Le plus mêle-tout : Paul Magnette (PS)

Le ministre... fédéral n'a pas apprécié le "non" de Philippe Henry (Ecolo) à Citta Verde, méga-projet associant commerces et logements à Farciennes: "Je regrette ce traitement rapide avec des œillères idéologiques. C'est de l'amateurisme". Réaction de Jean-Marc Nollet (Ecolo, mêle-tout lui aussi pour l'occasion) : "L'arrogance est de retour. J'invite les ministres à plus de retenue par rapport à leurs collègues".

Le plus capricieux : Hugues Bayet (PS)

Le député-bourgmestre de Farciennes se réjouit de la création du zoning Ecopôle dans sa commune, mais ne digère pas l'échec de Citta Verde (cfr. supra): "Quoi, c'est Saint-Nicolas : parce qu'on a eu une Wii, on ne peut pas demander la Sega ?"

Le plus clair : Claude Eerdekens (PS)

"Le ministre Philippe Henry est un nul parmi les nuls. Il a la grande distinction de la nullité et de l'inefficacité".

Le plus brouillon : Claude Eerdekens (PS)

"Il m'est difficile de ne pas dire ce que je pense. Mais je pense qu'il n'est pas toujours bon que je dise ce que je dis".

Le plus incisif : Marcel Cheron (Ecolo)

"Claude Eerdekens est un bouffon, excessif et injurieux".

La plus indulgente : Monika Dethier (Ecolo)

A propos de Claude Eerdekens : "A la rigueur, il me fait pitié".

Le plus impatient : Maxime Prévot (cdH)

"J'ai envie de dire que le ministre Henry se hâte un peu lentement".

La plus compatissante : Christine Defraigne (MR)

A propos du ministre Philippe Henry (Ecolo) : "Je trouve qu'il est d'une naïveté incroyable. Il croit encore au Père Noël. C'est un type charmant, pondéré et modéré, mais on est tenté de se demander s'il est vraiment à sa place".

Le plus déçu : Bernard Wesphael (Ecolo)

A propos du PS liégeois : "Je constate que le parti dominant revient en arrière. Il suffit de voir la violence de certaines déclarations de leaders socialistes pour se rendre compte que c'est le retour de l'arrogance"

Le plus fataliste : Richard Miller (MR)

A Rudy Demotte : "Vous (le PS) êtes là depuis 40 ans, et vous osez nous dire aujourd'hui qu'il n'y a pas d'identité wallonne ! Avec vous, les Wallons sont fondamentalement cocus !"

Le plus mauvais pronostiqueur : Serge Kubla (MR)

Suite au passage de Laurent Louis des rangs du MR à ceux du Parti Populaire: "Si on veut parler de folklore, on y est. C'est vraiment une étoile filante qui n'a pas brillé dans le firmament politique". Depuis, Laurent Louis est devenu député fédéral...

Le plus psychiatre : Bernard Wesphael (Ecolo)

A l'adresse de Dimitri Fourny (cdH) : "Vous êtes un menteur. Je m'inquiète pour vos problèmes de santé mentale".

Le plus pressé : Willy Borsus (MR)

"Très souvent dans cette assemblée, le temps qu'on consacre à débattre de l'opportunité d'avoir le débat, on l'aurait déjà quasiment mené".

Les plus ébahis : Willy Borsus (MR) et Paul Furlan (PS)

Dialogue de sourds entre le chef de groupe de l'opposition: "Vous dites blanc le matin, noir l'après-midi, et vous vous étonnez qu'on s'étonne !",

et le ministre: "Vous dites n'importe quoi le matin, n'importe quoi l'après-midi, et vous vous étonnez que je me fâche !"

Le plus trublion : Jean-Luc Crucke (MR)

Au sujet du plan de simplification administrative pour les entreprises du ministre-président Rudy Demotte (PS) : "Ceux qui croient le moins à votre plan se trouvent dans votre majorité".

Le plus "fan":  Jean-Luc Crucke (MR)

"André Antoine a une mauvaise foi pas possible, mais aussi un talent et un humour incroyables pour nous faire avaler ses couleuvres".

Le plus alchimiste : Paul Furlan (PS)

Sur sa volonté de faire aboutir le décret portant sur le décumul des mandats: "Avec du temps, on transforme bien de l'herbe en lait".

La plus patronne  : Emily Hoyos (Ecolo)

"Je ne suis pas là pour beurrer les sandwiches"

Le plus généreux: Dimitri Fourny (cdH)

Sur le même sujet : "Les Ecolos voulaient une sucette ? Ils l'ont !"

La plus gourmet : Véronique Cornet (MR)

Concernant le même décret : "C'est le nonosse qu'on donne à Ecolo".

Le plus réaliste : Maxime Prévot (cdH)

Toujours à propos du décumul : "Nous nous autorisons à ne pas considérer qu'il faille clamer que la Wallonie est devenue la terre promise de la bonne gouvernance mondiale suite à l'adoption future de ce texte".

Le plus moralisateur : Paul Furlan (PS)

Répondant à Hervé Jamar (MR) sur la bonne gouvernance au niveau local : "C'est un sujet qui appelle modération et sagesse, et on sait que ce n'est pas votre principale qualité".

Et dire que ceci n'est qu'un petit aperçu, loin d'être exhaustif ...

Amabilités compilées par Rudy Hermans

crédit: RTBF info.

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