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9 novembre 2010 2 09 /11 /novembre /2010 18:55

 

Aujourd'hui 9/11 vient d'être publié un rapport de la Commission Européenne particulièrement critique à l'égard de la Turquie. Est pointé du doigt en premier lieu le problème lié à l'occupation illégale (doux euphémisme) de l'île de Chypre par la Turquie, qui pour rappel remonte à 1974. j'avais oublié d'en parler dans mes précédents articles, mais cette occupation a en pratique coupée l'île en deux, après l'invasion de la partie nord par la Turquie qui a proclamé unilatéralement la création d'une « République turque de Chypre du Nord », laquelle n'est absolument pas reconnue par la communauté internationale.

 

Parmi les divers problèmes sont mis en avant la liberté religieuse honteusement et régulièrement bafouée, les manquements aux droits de la femme, et bien entendu la liberté d'expression « à la turque » qui n'est que relative, comme le prouvent par exemple les sanctions à l'égard de quiconque ose parler de génocide arménien en Turquie. On soulignera également le soutient vis-à-vis du régime d'Amadinejad en Iran, ainsi que les relations depuis quelque temps houleuses avec Israël, crise cristallisée en mai dernier par l'abordage de la flottille de Gaza par Tsahal. Or et pour rappel, il apparaît aujourd'hui que le gouvernement turc est en partie responsable de la présence à bord du Navi Marmara de membres de l'IHH, ces-derniers étant à l'origine des incidents.

 

Concernant Chypre, sans aucun doute le plus gros obstacle à une adhésion de la Turquie à l'Union, le rapport souligne les blocages diplomatiques turcs sur des points pourtant essentiels. Par exemple, la Turquie ne reconnaît toujours pas Chypre, alors que cette dernière est membre de l'Union depuis 6 ans. On se demande comment dès lors les Turcs pourraient faire partie d'une Union dont ils ne reconnaissent même pas tous les membres...

 

Bruxelles salue cependant le récent référendum visant à une révision de certaines institutions turques, cependant j'ai déjà dit ce que j'en pensais, à savoir qu'il s'agit d'un leurre ayant l'apparence d'une avancée démocratique, mais qui en pratique vise à mettre à bas l'un des seuls garde-fou existant pouvant protéger au moins en partie la laïcité en évitant une islamisation à outrance des institutions turques.

 

La Commission tient à rappeler l'importance d'une coopération notamment économique avec la Turquie. On ne peut le nier. Cependant, l'Europe ne se résume pas à une politique économique, mais consiste également en une culture, et à un caractère laïque, choses que nous n'avons pas, et n'aurons sans doute jamais en commun avec la Turquie. Cela, l'Allemagne, l'Autriche, la France et une grosse partie de la population européenne en sont bien conscientes.

 

Un point important soulevé par Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman sur l'Europe: le fait pour les Turcs de bloquer des négociations qui forment une condition essentielle à leur adhésion, entraîne évidemment le rejet de celle-ci. Cela permet ensuite au gouvernement, de plus en plus radical (pour ne pas dire islamiste) de se poser en victime du rejet d'autrui, et de se faire passer pour une pauvre victime d'une hypothétique intolérance que nous aurions à leur égard. Cela a pour effet de faciliter la radicalisation d'une population se sentant frustrée et rejetée. Bref, en refusant toute négociation, le gouvernement turc favorise certainement la montée d'idées islamistes en Turquie en inversant les rôles et en faisant croire que l'échec de leur adhésion est due à une certaine islamophobie européenne.

 

Qui a dit que la Turquie était un modèle de laïcité parmi les pays à majorité musulmane, prête à entrer dans l'Europe?

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